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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/159

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de Niobé ? N’y a-t-il pas dans ces beaux bras d’un galbe si pur quelque chose qui surprend et qui ravit ? Ces yeux, enfin, magnifiques et grands, qu’un peintre reconnaîtrait entre tous ceux de l’univers, lorsqu’un sourire les illumine, ne doivent-ils pas vous donner un avant-goût du ciel ? Cette femme, vois-tu, c’est le triomphe d’un ciseau tout-puissant, c’est un chef-d’œuvre de l’artiste éternel, qui, lui aussi, rêve l’idéal et ne le réalise que rarement. Aussi je l’aime, je l’aime comme un insensé ; quand je l’ai contemplée longtemps avec toute mon âme, un éblouissement passe dans ma vue avec la lumière ardente de son regard ; bienheureux, mon ami, bienheureux, celui qui glissera sa main frémissante dans les soyeux replis de cette chevelure, digne de Cléopâtre la superbe ! Bienheureux, celui qui cueillera les roses de ces lèvres, effeuillera de ses baisers ardents sur son front d’ivoire le poëme de sa pensée. Moi, je ne la verrai jamais ; jamais je n’aurai l’ineffable consolation de lui exprimer à deux genoux l’adoration passionnée de mon cœur.

Cette femme, je ne la connais pas ; ce portrait, je l’ai trouvé dans le sable d’un des sentiers de la promenade horizontale ; séduit par l’espérance d’y rencontrer l’idéal qu’un pinceau humain avait osé reproduire, j’en ai fait le but de mes promenades