Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

assidues, mais il ne m’a pas encore été donné de voir l’original de ce médaillon bien-aimé.

Et je l’aime ! c’est folie, je le sens : c’est folie, mais je l’aime, et ne sais si je la verrai jamais ! Je ne sais si nos deux existences se coudoieront un jour dans le monde ; qu’importe ! J’en mourrai peut-être, mais je bénirai Dieu ; l’idéal, ce démon insaisissable de nos nuits brûlantes à nous autres poëtes, l’idéal me sera apparu une fois sous une forme visible ; mes rêves d’artiste ne m’auront pas trompé !

Qu’elle est belle cette femme ! Oh ! dis-moi que je ne suis pas fou !

Elle est peut-être mariée, ajouta-t-il après un grand silence ; qui sait ? Heureuse épouse, heureuse mère, elle fait peut-être danser sur ses genoux un enfant blond et rose comme elle. Oh ! ma tête ! ma tête !

Mais je la verrai au moins avant de mourir.

Jeune fille, elle consentira peut-être à ne pas repousser l’amour d’un jeune poëte riche d’avenir ; mariée, je m’ensevelirai tout entier dans le silence de mon cœur.

— Du courage et de l’espérance, lui dis-je en le quittant.

— Oh ! merci, merci ! car j’ai grand besoin de tous deux.