Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/170

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demandât : « Qui est-ce là qui ainsi bûche en ma chambre à cette heure ? »

« Tantôt lui fut répondu : « Ce suis-je, ce suis-je. » Le chevalier dit : « Qui t’envoye ici ? — Il m’y envoyé le grand clerc de Casteloigne à qui tu fais grand tort, car tu lui tols les droits de son héritage, si ne te lairay en paix, tant que tu lui en auras fait bon compte et qu’il soit content. » Dit le chevalier : « Et comment t’appelle-t-on, qui es si bon messager ? — On m’appelle Orton. — Orton, dit le chevalier, le service d’un clerc ne te vaut rien, il te fera trop de peine si tu veux le croire ; je te prie, laisse-le en paix et me sers, et je t’en saurai gré. »

« Orton fut tantôt conseillé de répondre, car il s’enamoura du chevalier et dit : « Le voulez-vous ? — Oui, dit le sire de Coarraze ; mais que tu ne fasses mal à personne de céans ; je me chevirai bien à toi et nous serons bien d’accord. — Nenni, dit Orton, je n’ai nulle puissance de faire autre mal que de toi réveiller et destourber ou autrui, quand on devroit le mieux dormir. — Fais ce que je dis, dit le chevalier, nous serons bien d’accord, et laisse ce méchant désespéré clerc. Il n’y a rien de bien en lui, fors que peine pour toi, et si me sers. — Et puis que tu le veux, dit Orton, et je le veuil. »

« Là s’enamoura tellement cil Orton du sei-