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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/171

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gneur de Coarraze, que il le venoit voir bien souvent de nuit, et quand il le trouvoit dormant, il lui hochoit son oreiller, ou il hurtoit grands coups à l’huys ou aux fenêtres de la chambre, et le chevalier, quand il étoit réveillé, lui disoit : « Orton, laisse-moi dormir, je t’en prie. — Non ferai, disoit Orton, si t’aurai ainçois dit des nouvelles. » Là avoit la femme du chevalier si grand paour que tous les cheveux lui dressoient et se muçoit en la couverture. Là lui demandoit le chevalier : « Et quelles nouvelles me dirois-tu et de quel pays viens-tu ? » Là disoit Orton : « Je viens d’Angleterre ou d’Allemagne, ou de Hongrie, ou d’un autre pays, et puis je m’en partis hier, et telles choses et telles y sont advenues. » Si savoit ainsi le sire de Coarraze par Orton tout, quant que il avenoit par le monde ; et maintint cette ruse cinq ou six ans et ne s’en put taire, mais s’en découvrit au comte de Foix par une manière que je vous dirai.

« Le premier an, quand le sire de Coarraze venoit vers le comte à Ortais ou ailleurs, le sire de Coarraze lui disoit : « Monseigneur, telle chose est avenue en Angleterre, ou en Écosse, ou en Allemagne, ou en Flandre, ou en Brabant, ou autres pays ; » et le comte de Foix, qui depuis trouvoit ce en voir (vrai), avoit grand’merveille dont tels choses lui venoient à savoir. Et tant le pressa et