Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

examina une fois, que le sire de Coarraze lui dit comment et par qui toutes telles nouvelles il savoit, et par quelle manière il y étoit venu. Quand le comte de Foix en sçut la vérité, il en eut trop grand’joie et lui dit : « Sire de Coarraze, tenez-le à amour ; je voudrois bien avoir un tel messager ; il ne vous coûte rien, et si savez véritablement tout quant que il avient par le monde. » Le chevalier répondit : « Monseigneur, ainsi ferai-je. »

« Ainsi étoit le sire de Coarraze servi de Orton, et fut longtemps. Je ne sais pas si cil Orton avoit plus d’un maître, mais toutes les semaines, de nuit, deux ou trois fois, il venoit visiter le seigneur de Coarraze et lui recordoit des nouvelles qui étoient avenues en pays où il avoit conversé, et le sire de Coarraze en escriptoit au comte de Foix, lequel en avoit grand’joie, car c’étoit le sire en ce monde qui plus volontiers oyoit nouvelles d’étranges pays. Une fois étoit le sire de Coarraze avec le comte de Foix ; si jangloient entre eux deux ensemble de Orton et chéy à matière que le comte lui demanda : « Sire de Coarraze, avez-vous point encore vu votre messager ? » il répondit : « — Par ma foi, monseigneur, nennil, ni point je ne l’ai pressé. — Non, dit-il. C’est merveille ; si me fut aussi bien appareillé comme il est à vous, je lui eusse prié que il se fut démontré à moi. Et vous prie que vous vous