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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/222

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« Non, c’est la bruyère qui tombe, l’aubépine qui pleure ses larmes de fleurs !

« Vois ce houx qui se penche pour nous écouter ! Je voudrais que mon corps fût le câble des vaisseaux ; que mes bras fussent les serres de l’aigle, pour te voir expirer d’amour !

« La tourterelle s’enfuit au loin dans les bois, jalouse de nos baisers qu’elle surprend en passant à tire d’aile…

« Non, c’est la bruyère qui tombe, l’aubépine qui pleure ses larmes de fleurs ! »

Quand le soir redescendit à l’horizon, on ne les avait pas vus revenir…..

— Depuis on n’entendit plus parler d’eux. On fit mille recherches, mais en vain. Aucun vestige humain n’apparut de ce qui avait été cette force, de ce qui avait été cette beauté.

Au dire de tous, ces deux pauvres enfants avaient dû devenir les victimes de quelque fée des vertiges, jalouse de leur bonheur ; mais grâce au hasard — ce grand indiscret — on apprit plus tard qu’il n’en était rien.

Quelques années, en effet, s’étaient à peine écoulées, qu’un homme, jeune encore, mais dont les traits pâles et amaigris accusaient les ravages et les insomnies prolongées de la souffrance, se présentait à la porte d’un monastère connu dans le Midi