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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/223

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pour la rigoureuse austérité des principes de son ordre.

Admis à parler au supérieur, il s’exprima ainsi :

« Mon père, je suis un grand coupable, non pas devant la justice humaine mais devant la loi divine ; mes mains ne sont pas teintes de sang, et ma conscience pourtant me crie : meurtrier ! Je puis braver le tribunal des hommes, et pourtant j’ai à répondre d’une existence. Si l’on juge d’une faute par le châtiment qui la suit, j’ai été bien puni par mes remords. Vingt fois, dans le hasard des aventures, j’ai voulu me délivrer d’eux ; mais Dieu, qui proportionne le châtiment à la faute, n’a pas accepté cette expiation.

Alors j’ai résolu de consacrer à ce juge inexorable une vie qu’il m’ordonne de vivre encore, et, en lui offrant mon repentir et mes larmes, de me dévouer à la propagation de son saint nom, comme ces humbles serviteurs du ciel que mon enfance apprit à vénérer ! »

Quand les derniers jours de son noviciat furent arrivés, il partit comme missionnaire pour les terres lointaines, où des mains pieuses ont commencé à porter le flambeau du Christ.

Voici maintenant ce qu’il avait raconté au supé-