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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/234

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tirer au contact d’une main glacée, que son sourire mélancolique s’éteigne tristement dans un sourire d’indifférence, alors tout se décolore, tout s’efface ; l’astre qui dorait de si beaux rêves, perd toutes ses flammes dans ce ciel si triste où les voix des anges se sont tues. D’atroces, d’horribles pensées se mirent à ballotter son âme comme la voile d’un navire battu par des vents contraires. Hors d’elle-même, obsédée par une irrésistible envie de pleurer, elle lutta vainement contre l’excès de sa douleur. Ces mots : « mon Dieu ! mon Dieu ! je suis perdue, » furent les seuls qu’elle balbutia en se tenant courbée, et sanglotant dans un état d’agitation extraordinaire. Puis son sang s’arrêta, ses mains se glacèrent, ses yeux devinrent fixes, et sans plus jeter un cri, sans plus verser une larme, elle roula à terre et y resta sans mouvement, sans souffle, brisée, morte, et comme ensevelie sous sa longue chevelure noire.

Une heure se passa.

Au bout de ce temps, revenue à elle, elle fit un suprême effort et regagna son hôtel où une fièvre brûlante s’empara d’elle.

Durant plus de deux mois ses jours furent en danger ; mais dès qu’elle revint à la vie son premier soin fut de s’assurer si vraiment le comte n’était plus digne de son amour. Achetant à prix d’or le silence d’un de ses gens, elle apprit bientôt