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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/240

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bohémienne, surprise de tout cet inexplicable mystère.

Le lendemain, à l’heure dite, la comtesse revint. En la voyant si pâle et si défaite, Juanita eut involontairement peur.

— Viens avec moi, jeune fille, lui dit la malheureuse abandonnée d’une voix presque suppliante.

— Où cela ? je ne vous connais point.

— Ne crains rien, je ne te veux que du bien.

— Votre regard semblerait présager le contraire.

— Enfant ! n’aie donc pas peur ; viens, viens, poursuivit la comtesse, et saisissant la main de Juanita avec un douloureux sourire de larmes, elle l’entraîna jusqu’à la porte de son propre hôtel. Là, Juanita, déjà très-surprise de tout le luxe des appartements qu’elle traversait, fut bien plus étonnée encore en entendant la comtesse lui dire : Revêts ces habits, jeune fille, et pare-toi de ces diamants ; je te lègue tout mon bonheur… L’acte que voici t’assure la possession de la terre d’Agnos, le titre de comtesse et une fortune considérable. Adieu, Juanita, adieu !… continue de bien aimer Henri et donne-moi parfois une pensée ! »

Vainement Juanita voulut-elle retenir la comtesse. « Laisse-moi quitter ces lieux, lui dit-elle,