Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/245

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous, prenez courage et suivez, quand je ne serai plus, cette belle vache à la bruyante sonnette. Elle vous mènera d’abord dans la région des eaux chaudes, à Bagnères ; là doivent s’élever des thermes bienfaisants. Allez toujours où elle vous conduira, et où elle s’arrêtera, arrêtez-vous. »

« Le vieux berger, le patriarche, l’ancien des anciens, le grand maître dans l’art des guérisons, l’inventeur des remèdes puissants composés de simples herbes et du lait des brebis, l’Esculape, le Pan des Pyrénées, mourut alors. Malgré sa science profonde, utile, malgré les grandeurs vraies de sa vie, nul poëte inspiré ne chanta ses vertus ; il mourut au bruit sourd, étouffé de la neige qui tombe, et l’immense linceul s’étendit, s’amassa. Alors ses fils voyant la vache prête — elle partait — la suivirent, pieux observateurs de la volonté du mourant. Elle fut d’abord, eux après elle, aux merveilleuses sources thermales connues sous le nom de sources de Bagnères. Et il neigeait toujours ; alors la vache, dont la clochette faisait un tintement étouffé à tout moment par l’atmosphère enneigée, partit encore, sans hésiter, tout droit ; un esprit supérieur la guidait. Et, descendant les bords de l’Adour, torrent jadis aurifère, qui ne roule aujourd’hui que des eaux et des rocs parfois tumultueux, elle s’arrêta au lieu où s’élève le riche et