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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/261

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des habitants de la Lourdes d’alors, l’Éternel s’en serait lui-même venu, sous la figure d’un pauvre, frapper à toutes les portes, demandant en toute grâce un peu de pain pour apaiser sa faim. Mais toutes seraient impitoyablement restées fermées, à l’exception de celle d’une bien humble et bien misérable chaumine où deux femmes — la mère et la grand’-mère, sans doute — veillaient anxieusement près du berceau d’un enfant nouveau-né.

Là, tout au contraire, les deux femmes auraient à peine aperçu les cheveux blancs et les haillons du divin pauvre que, comprenant trop bien pour en avoir fait la rude expérience tout ce qu’il devait souffrir des tortures de la faim, elles se seraient empressées d’accourir à lui et de lui dire : « Entrez, pauvre homme, entrez. À la vérité, nous n’avons que peu de chose à vous offrir, car nous sommes loin d’être heureuses, mais quelque grand que soit notre dénuement, il nous reste un morceau de pain et nous le partagerons avec vous. Le temps de sécher un instant vos vêtements humides de pluie, ces deux gâteaux de seigle que nous venons de pétrir seront cuits et nous les mangerons ensemble. »

Le vieillard reconnaissant les remercia avec effusion et s’assit près du foyer. Mais, ô miracle ! à peine eut-il pris place, qu’à leur grande surprise