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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/262

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les deux femmes virent leurs gâteaux s’étendre et croître merveilleusement. « Femmes, dit alors le pauvre, à mon tour de vous être utile. Puisque vous m’avez généreusement offert une hospitalité que tous m’ont durement refusée dans cette ville, apprenez qu’elle va être entièrement engloutie sous les eaux et hâtez-vous d’en sortir. »

Ce que les deux femmes firent au plus vite, emportant avec elles leur seule richesse, le bel enfant endormi dans le berceau.

Or, à peine s’en furent-elles éloignées, que le sol sur lequel la ville était bâtie s’affaissa subitement, et qu’à la place elles n’aperçurent plus qu’un immense lac qui subsiste encore aujourd’hui. En mémoire de cet événement, un berceau de pierre, béant au bord du lac de Lourdes, semble toujours attendre le doux enfant sauvé par la charité des deux femmes ; et si l’on regarde attentivement à la surface des eaux, lorsqu’elles sont basses, on distingue encore la pointe des édifices et les plus hautes toitures de la ville noyée.

Pour le lac du Lhéou, même histoire. Là aussi, le pauvre, plus compatissant que le riche, n’hésita pas à donner à Dieu, qui se présentait à lui sous la livrée de la misère, l’hospitalité que celui-ci lui avait durement refusée, et là aussi la méchanceté des hommes fut à jamais engloutie sous les