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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/280

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Escualdunac que jadis on révéra la plus puissante des fées de toutes les Pyrénées. Ontasuna Maithagarria ou Ontasuna l’irrésistible.

Ses longs cheveux étaient noirs, ses yeux bleus ; une tunique de pourpre voilait son corps élégant sans en déguiser les formes ; une ceinture d’argent pressait sa taille lascivement gracieuse ; des brodequins de même métal formaient sa chaussure, et sa main droite agitait une lance d’or. Montée sur un cerf rapide, elle parcourait les montagnes et les forêts ; elle chassait les loups loin des bergeries. Au mois de mai, quand la zone neigeuse se rétrécit, que l’herbe croît, et que les arbres reprennent leur verte parure, chaque pâtre lui offrait jadis la blanche toison d’un agneau.

Aujourd’hui encore le nom d’Ontasuna réveille, parmi les bergers Pyrénéens, des souvenirs aussi tendres, aussi touchants, que les plus tendres et les plus touchantes fictions des vallons de la Grèce.

Un jour — heureux le poëte qui chantera cette naïve fiction ! — un jeune Euskarien, Louzaïde, si beau, si timide, que ses compagnons l’avaient surnommé Zuhurra, conduisait les troupeaux de son père dans les prairies désertes qu’arrose l’Erréca. Comme il se promenait rêveusement sur les bords du fleuve la puissante fée lui apparut et fut bientôt