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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/283

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Jugez-en plutôt.

Un soir, — il y a de cela, comme toujours, de longues, bien longues années, — deux beaux pâtres des Hautes-Pyrénées, tout en faisant brouter à leurs brebis l’herbe courte de la montagne, virent passer devant eux, comme un beau rêve, deux jolies vierges enchantées, autrement dit : deux Fées. Les trouver charmantes, les aimer tout d’abord, et plus encore ardemment désirer de les posséder, fut pour nos deux bergers l’affaire d’un instant ; mais comment croire que deux pauvres pasteurs fussent jamais appelés à l’insigne faveur d’enlacer dans leurs bras ces jolis corps presque célestes ? Le penser seulement leur eût paru folie !

Et cependant il en devait être autrement, car à leur grande surprise voici ce que les fées leur dirent, après s’être arrêtées non loin d’eux et les avoir contemplés avec amour : « Voulez-vous bien nous épouser, jeunes pâtres ?… Nous sommes des fées, et, vous le savez, notre plaisir à nous est d’enrichir à jamais ceux que nous aimons… » Puis elles reprirent avec cette délicieuse pudeur qui monte saintement au front de toute vierge balbutiant de semblables paroles : « Nous vous donnerons, en outre, de bons et beaux enfants dont vous serez fiers, et qui feront tout à la fois et votre bon-