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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/87

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— Tant que vous l’aimerez, non ; mais êtes-vous bien sûr de l’aimer toujours ?

— Oh ! pour cela, toujours !

— Eh bien ! alors, que la volonté de Dieu s’accomplisse, et que le ciel veille sur vous et sur elle !…..

Dès le lendemain, Marguerite partit avec son fiancé pour le château de Lahonce, où devait avoir lieu le mariage.

C’était un de ces sombres et formidables repaires, un de ces fantastiques nids d’aigle où l’imagination se plaît à loger les fiers barons du moyen âge. Rien de sinistre à voir comme cette inabordable retraite, hérissée de courtines, de mâchicoulis, de bastions et de meurtrières sur lesquelles la foudre elle-même se serait émoussée, impuissante. L’aspect seul de ces hautes murailles centenaires, heurtant le ciel de leurs masses noirâtres, vous jetait dans l’âme une poignante tristesse qu’augmentaient encore les étranges bruits qui s’en échappaient. Nulle voix humaine ne saurait redire, nul instrument ne saurait rendre cette rauque et funèbre harmonie d’un autre monde. C’étaient des bruits tantôt faibles et tantôt profonds ; des gémissements, des cris de douleur et des rugissements de colère ; des grondements vagues, sourds, retentissants, semblables aux détonations lointaines d’une bataille ou aux