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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/88

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rumeurs de l’Océan ; puis des soupirs étouffés comme les plaintes d’une victime, des sifflements aigus et des mugissements sonores sur lesquels se détachait la note aiguë des oiseaux de proie. Par moments, ce grand bruit s’affaiblissait et semblait mourir dans l’éloignement comme une vague brisée. Puis il renaissait, s’enflait, revenait menaçant et grondant, éclatait, se brisait dans les airs et rejaillissait en avalanches de sons insaisissables, sauvages, terribles. Mais ce qui surtout vous saisissait d’angoisse et d’effroi, ce qui vous retombait lourdement au cœur comme un coup de hache, c’étaient les grincements lugubres de la herse roulant sur ses chaînes de fer pour vous laisser passage. On eût dit que des voix mystérieuses vous plaignaient d’aller plus loin.

Comme tous autres, plus que tous autres, Marguerite ressentit cette douloureuse impression. — Un frisson glacial parcourut tous ses membres, une sueur froide inonda ses tempes, un vide immense se fit subitement dans son âme, et ses pensées se perdirent dans un néant sans bornes. Le désert l’environnait, le jour lui parut terne et l’univers en deuil.

Elle chancela, pâlit et se mit à trembler ; les larmes ne tardèrent pas… Un voile de pleurs s’étendit sur son visage… un cri étouffé s’échappa de