Aller au contenu

Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t1.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85

Quel emploi, quel ennui d’étendre ainsi les ailes,
De garder la maison, d’y mourir de chaleur !
L’hymen n’est donc pour vous qu’un travail, un malheur ?
Se torturer le flanc, s’appauvrir l’existence,
Mourir pour satisfaire à l’importune instance
De petits jeunes dévorants,
Dont les cris déchirants
Troublent et le somme et la veille !
D’en parler seulement je me blesse l’oreille.
Ce fanatisme fait pitié ;
Toutefois, s’il est temps, écoutez l’amitié.


Mon exemple peut vous instruire ;
Loin de couver, de me détruire,
Au hasard je laisse mes œufs :
Le ciel veille sur moi, le ciel veille sur eux.
Je ne me charge pas de ce soin haïssable.
Je suis mère pourtant, je les couvre de sable.
Si la pluie et l’orage, et les vents tour à tour,
Ne les écrasent pas avant de naître au jour,