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Page:Desbordes-Valmore - Livre des mères, 1840, t1.djvu/91

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Si le milan ne les dévore,
La chaleur du soleil enfin les fait éclore :
La nature en prend soin, et tous les éléments
Composent mieux que moi leurs premiers aliments.
Ils s’envolent alors et vont chercher fortune.
Je n’ai pas supporté leur enfance importune.
Ce qu’ils deviennent, je ne sais :
Je me porte bien, c’est assez.


— Méchante ! ah ! méchante endurcie !
De quel aveuglement ton ame est obscurcie ?
Tu n’as donc d’une mère obtenu que le nom ?
Va, tu glaces mon cœur, tu blesses ma raison.
Quoi ! te déshériter des larmes d’une mère,
De ses tourments délicieux,
De ses plaisirs silencieux,
Où tout est volupté bien que parfois amère !
Quand je sens mes petits s’agiter sous mon sein,
Quand leurs cris me disent : J’ai faim !
Oh ! quel bonheur j’éprouve à leur donner ma vie !