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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/197

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quelque chose, c’est un être, et cet être est un corps. J’ignore sans doute que ce corps est étendu, qu’il a des parties, une forme, une figure ; il ne me semble qu’un point, qu’une vertu résistante, comme je ne me parais à moi-même qu’une vertu sentante : je sais seulement de lui qu’il existe.

Je ne prétends pas même que ce soit dès la première expérience que je parvienne à ce faible résultat ; mais que ce soit après une ou après mille, peu importe, il suffit que j’aie trouvé la route.

Parmi ces nombreuses expériences, il y en aura sûrement une où, pressant cet être et glissant sur sa surface, je sentirai que je me meus sans cesser de sentir cet être. Dès-lors cet être cesse de n’être qu’un point ; je lui reconnais des parties les unes à côté des autres, je juge qu’il est étendu ; car la propriété d’être étendu est bien en elle-même la propriété d’avoir des parties distinctes, des parties situées les unes hors des autres ; mais c’est par notre mouvement que nous la connaissons ; elle est, par rapport à nous, la propriété d’être touché continuement pendant que nous faisons une certaine quantité de mouvement. Voilà donc l’étendue