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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/257

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fantastique les qualités de plusieurs objets réels. Cela n’a pas besoin de preuves.

Quant à cette autre imagination qui consiste à avoir des souvenirs si vifs, que les objets semblent actuellement présens, nous avons déjà observé, au chap. III, qu’elle n’est que la mémoire, ou l’effet de la mémoire, qui va jusqu’à réveiller la sensation même. Elle n’a donc pas besoin d’un nom particulier, non plus que la réminiscence, que l’on fait consister à avoir des souvenirs et à sentir que ce sont des souvenirs. Celle-là est la mémoire unie à un jugement.

Reste donc le raisonnement, qui est, dit-on, une suite de jugemens implicitement renfermés les uns dans les autres. J’en conviens ; et j’en conclus que ce n’est là qu’une répétition de l’action de juger, et non une faculté particulière.

Voilà pourtant à quoi se réduisent toutes ces subdivisions si multipliées de ce qu’on appelle entendement. Je n’y retrouve jamais, en les analysant, que des sensations, des souvenirs et des jugemens ; et je suis toujours plus convaincu qu’elles ne sont propres qu’à embrouiller la matière, en créant des êtres imaginaires, et en en confondant