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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/333

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sation que nous lui voyons : c’est ce que nous ne pouvons savoir. Mais ce dont nous sommes sûrs, c’est que le premier homme, quand il serait né adulte et aussi bien organisé que nous, n’en aurait pas moins été d’abord dans une ignorance absolue, puisque nous ne connaissons rien que par nos sensations ; et ayant toutes ses facultés dans un état de rigidité que l’exercice seul aura fait disparaître plus ou moins promptement, puisque nous éprouvons que tout ce que nous faisons pour la première fois nous ne l’exécutons qu’avec peine.

Nous somme sûrs encore que s’il eût vécu isolé, il serait resté bien au-dessous du degré de capacité du sauvage le plus brut, puisqu’il n’aurait eu l’usage d’aucune langue, et qu’il n’aurait pu profiter de l’expérience, de l’exemple, des connaissances, ni des secours d’aucun être semblable à lui.

Nous voyons avec une égale certitude que, même en supposant les premiers hommes vivant ensemble, comme ils n’ont pu manquer de le faire, leurs premiers progrès ont dû nécessairement être très-lents, non-seulement parce que, dominés par leurs premiers besoins, ils n’ont pu avoir le temps de