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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/334

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réfléchir, non-seulement parce que tous leurs moyens de recherches étaient informes et défectueux, mais encore parce que toutes nos opérations intellectuelles se tenant et s’enchaînant les unes les autres, il est d’expérience constante que moins on en a fait, et moins on est apte à en faire de nouvelles ; et qu’au contraire, arrivé à un certain degré d’avancement, on est à portée d’une multitude indéfinie de combinaisons ; ensorte que notre disposition à nous perfectionner croît dans une proportion bien plus rapide que notre perfectionnement.

Enfin, il est vrai que si les premiers pas de l’intelligence humaine sont lents et pénibles, du moins ils sont sûrs, tandis que bientôt après elle est continuellement en danger de s’égarer ; 1° parce que quand ses opérations sont devenues faciles et rapides, un grand nombre d’entr’elles demeurent inaperçues, et nous avons vu ce qui en résulte ; 2° parce que les signes par lesquels nous représentons nos idées, et par le moyen desquels nous les combinons, malgré leur prodigieuse utilité, sont souvent une cause d’erreur, comme nous le verrons bientôt ; 3° parce que, quand la multitude des com-