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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/343

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sert, ni la théorie de la formation des idées de celui qui parle et de celui qui entend.

Il en est de même de l’art du raisonnement, presque identique avec celui de la parole. Combien de temps on a raisonné, et souvent parfaitement, sans être remonté jusqu’aux causes de la certitude et à la saine théorie de l’art d’y parvenir : elle ne fait que de naître de nos jours ; elle n’est même encore ni complète ni exempte d’erreurs.

Il est donc fort naturel que la pratique souvent très-perfectionnée précède toute bonne théorie ; cela ne peut pas même être autrement, car on ne saurait comparer des faits qu’après les avoir connus, et on ne peut découvrir les lois générales qui régissent ces faits, qu’après les avoir comparés entr’eux. Cela nous explique aussi pourquoi la science qui nous occupe, celle de la formation des idées, est si nouvelle et si peu avancée ; puisqu’elle est la théorie des théories, elle devait naître la dernière. Ceci, au reste, ne doit pas faire conclure que les théories en général, et notamment l’idéologie, soient inutiles ; elles servent à rectifier et épurer les diverses connaissances, à les rapprocher les unes des autres, à les rattacher à des principes plus