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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/345

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leur tact. Il n’y a que les sens du goût et de l’odorat sur lesquels nous ne puissions guère produire des impressions utiles pour cet objet ; encore si nous étions convenus d’attacher certaines idées à telle odeur ou telle saveur bien distinctes, elles pourraient en devenir les signes jusqu’à un certain point. Tout ce qui représente nos idées est donc un signe, et tout système de signes est une langue ou un langage, et peut être nommé ainsi en prenant ces mots dans le sens générique et non dans le sens spécifique, et en faisant abstraction de la particularité qu’ils ont de dériver du nom des organes de la parole. C’est ainsi qu’il est reçu de dire la langue hiéroglyphique, le langage d’action ou celui des gestes, et même le langage des sourds et muets.

Nous devons donc regarder comme de vraies langues les assemblages de gestes par lesquels les pantomimes, les muets parviennent à exprimer, non-seulement des sentimens très-fins, mais même des idées très-abstraites. Les gestes du comédien et de l’orateur, et même ceux des hommes qui causent le plus simplement, sont aussi une langue, car ils contribuent à expliquer leurs