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Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/436

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Il s’ensuit encore que plus une idée est générale, plus est grand le nombre des individus dont elle est extraite, ce qui constitue son extension ; mais moins elle retient des particularités de chacun d’eux, car elle ne demeure composée que de celles qui leur sont communes : c’est ce qui compose sa compréhension.

Cela fait que nous pouvons affirmer de chacun de ces individus tout ce que nous pouvons affirmer de l’idée générale, tandis que nous ne pouvons pas affirmer de celle-ci les circonstance particulières à chaque individu qui ne sont pas entrées dans sa formation ; mais cela ne fait pas que ce soit l’idée générale qui soit la cause de la vérité de l’affirmation ; c’est, au contraire, des faits particuliers que vient toujours la certitude.

CHAPITRE VII.
De l’Existence.

Tout ce que nous avons dit jusqu’à présent est l’histoire de nos modifications intérieures, des créations de notre pensée, abstraction faite de ses relations avec tous les êtres qui ne sont pas elle, et de la manière dont elle apprend l’existence de ces êtres.

Il nous reste maintenant à trouver comment nous avons été conduits à juger que nos sensations sont occasionnées par des êtres qui ne sont pas nous, et si nous avons raison de porter ce jugement.

Il n’y a pas de doute que nos sensations internes ne nous apprennent rien que notre propre existence.

Il en est de même sans contredit des saveurs, des odeurs et des sons.