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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/799

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CON

à révéler un secret qu’un ami vous dit confidemment. Familiariter, amicè.

CONFIDENCE. s. f. Communication de pensées & de société entre personnes amies ; part qu’on donne ou qu’on reçoit d’un secret. Summa cum aliquo rerum omnium communicatio, summa animorum conjunctio. Rien ne flatte plus notre orgueil que la confidence des Grands, parce que nous la regardons comme un effet de notre mérite. Rochef. Bien des gens ne sont des confidens que par impuissance de garder le secret. Id. Les crimes ne doivent jamais être la matière d’une confidence. Nicol. Les amitiés les mieux établies, & les confidences les plus étroites, se relâchent insensiblement. S. Evr. La foiblesse & la démangeaison de parler, font plus de confidences que l’amitié, S. Evr. Le Ministre ne vous a fait une confidence si privilégiée, que par vanité, & par impatience de conter sa bonne fortune. M. Esp. Il y a mille petites confidences fort cheres aux personnes qui s’aiment, & fort peu importantes aux indifférents. S. Evr.

☞ Faire une fausse confidence à quelqu’un, c’est lui dire en secret quelque chose de faux, ordinairement dans le dessein de le tromper.

Confidence, en termes de Jurisprudence Canonique, est une paction illicite ☞ qui a lieu lorsque le titulaire d’un Bénéfice ne l’acquiert qu’à condition de le résigner à un autre dans un certain temps, ou lorsqu’il conserve le titre pour lui, mais à la charge d’en donner les fruits, ou partie des fruits au résignant, ou à une autre personne. Confidentia. C’est le mot dont se servent les Canonistes. La Confidence fait vaquer le Bénéfice, & est comparée à la simonie. Le premier exemple que l’on trouve de confidence en matière de Bénéfice, est de l’an 928, où le Moine Tryphon consentit contre les règles, de n’être ordonné que pour un temps Patriarche de Constantinople, & de remettre cette dignité à Théophilacte, fils de l’Empereur Romain le Jeune, quand il seroit en âge de la posséder.

Il y a deux espèces de confidence ; l’une qui est un vrai fidei-commis, quand le Collateur confère, ou que le Résignant résigne à condition de rendre le Bénéfice à un autre. La seconde, quand l’un porte le titre du Bénéfice, & que l’autre jouit des fruits. Il y a des Bulles des Papes qui excommunient les confidentiaires, & qui les privent de leurs Bénéfices. L’Edit de Louis XIII, de l’année 1610, art. 1, porte que si quelqu’un est convaincu de simonie, ou de tenir des Bénéfices en confidence, il sera pourvu auxdits Bénéfices comme vacans. On pourroit encore ajouter une 3e espèce de confidence, qui est plus cachée ; lorsque des personnes de qualité, qui ne peuvent pas jouir des Bénéfices, les font donner à des Ecclésiastiques qui leur payent de grosses pensions.

CONFIDENT, ENTE. s. m. & f. Ami intime à qui on confie ses plus secrètes pensées. Qui alicujus consiliis intimus est. Qui consiliorum est particeps, quicum arcana omnia, seria, joca, communices. Achates étoit le confident d’Enée. Il n’est point de confidens que les hommes ménagent avec tant de soin, que ceux qui peuvent devenir leurs Accusateurs. M. Esp.

☞ On le dit figurément & poëtiquement en parlant des bois, des rochers, des échos, &c.

Déserts, seuls confidens de toute ma douleur,
Je viens vous découvrir les secrets de mon cœur. La Suze.

CONFIDENTIAIRE. s. m. Qui est coupable de confidence ; qui prête son nom pour posséder le titre d’un Bénéfice, & en laisser le revenu à un autre, ou la liberté d’en disposer quand il voudra. On le dit aussi de celui à qui on prête son nom. Confidentiarius. C’est le mot dont se servent les Canonistes. Ce mot est relatif aux deux personnes qui font la paction illicite.

CONFIER, v. a. ☞ Commettre quelque chose à la fidélité ou au soin de quelqu’un, sur la bonne opinion que nous avons conçue de sa discrétion ou du secours qu’on en peut attendre. Se confier, prendre confiance. Aliquid alicui credere, concredere, committere, alicui considere. Quand on a de vrais amis, on leur doit confier tous ses secrets. On ne doit confier les places fortes qu’à ceux dont la fidélité est bien éprouvée. Il ne faut pas se confier à la foi d’un ennemi réconcilié. Le secret est un dépôt sacré, sur lequel la haine & l’infidélité, même de celui qui nous l’a confié, ne nous donne point de droit. Bouh. La vanité & l’impatience de conter une bonne fortune, disposent tellement à s’ouvrir & à se confier, que les plus petites occasions sont des pièges inévitables, même aux plus retenus. M. Esp. On ne découvre, & on ne confie ses plus secrettes pensées, que pour décharger son cœur des chagrins ou des joies qu’on ne peut plus retenir. Id. La nation Juive, l’objet du mépris des autres nations, est pourtant celle à qui Dieu avoit confié ses oracles sacrés. Claud. Je te veux bien confier ma vengeance. Rac.

CONFIÉ, ÉE. part. & adj. Qui est commis à la discrétion, à la prudence de quelqu’un. Creditus, concreditus, commissus.

Un secret follement confié.
Par d’indiscrets amis est bientôt publié. Vill.

CONFIGURATION. s. f. Forme extérieure, ou surface qui borne les corps, & leur donne une figure particulière. Voy. Figure & Surface. Forma, species. Les moules différens donnent une différente configuration aux corps sur lesquels ils sont formés. Le fœtus acquiert peu à peu sa parfaite configuration, La vue courte, ou la vue longue, viennent de la diverse configuration du cristallin.

☞ On le dit particulièrement des parties insensibles des corps, de leur tissu, de leur arrangement particulier. Selon quelques philosophes, ce qui fait la différence spécifique entre les corps, c’est la diverse configuration & la diverse situation des parties, le tissu intérieur des parties insensibles. Selon eux les élémens de tous les corps, des métaux, des végétaux, de l’air, de l’eau, &c. sont les mêmes, l’eau ne diffère de la pierre que par la manière dont les élémens de ce corps sont arrangés, par leur tissu, par leur configuration particulière, c’est pourquoi Descartes ne demandoit que de la matière & du mouvement pour composer un monde.

Configuration, ou aspect des planètes en Astrologie, est une certaine distance que les planètes ont entr’elles dans le Zodiaque, par laquelle, selon les Astrologues, elles s’aident ou se nuisent les unes aux autres. Cette distance se mesure par le nombre des degrés du Zodiaque, qui sépare ces deux planètes. Situs, positio.

CONFINER. v. n. Borner, être proche des confins d’une contrée, d’un pays. Confinem esse, conterminum. Mon héritage confine avec les communes de la Paroisse. La France confine avec l’Italie, & n’en est séparée que par les Alpes. Il se construit aussi avec le datif. La Champagne confine au Barrois. Ces terres confinent à la forê.

Confiner, v. a. signifie, enfermer en certain lieu de peu d’étendue, Aliquem certis finibus conscribere, concludere. Confiner dans un cloître, dans une prison, dans une île. ☞ Il signifie aussi reléguer, bannir hors des confins d’un certain territoire. Vous me confinez parmi les bêtes sauvages qu’on ne peut apprivoiser, relegare, ablegare, amandare.

☞ On dit aussi se confiner dans une solitude, dans une province, &c. pour dire, s’y retirer volontai-