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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/260

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oratorio, se trouve inauguré par cette partition splendide. Ni les 14 M. de Haydn, ni les 16 M. de Mozart, n’approchent de sa beauté ; insuffisantes pour le concert, elles n’ont rien qui justifie leur emploi dans le service de l’église, où les noms glorieux de leurs auteurs portent seuls certaines maîtrises à les admettre. Des deux messes de Beethoven, la seconde, la M. en ré, op. 123, composée de 1818 à 1823, regardée, auprès ou au-dessus de la Neuvième Symphonie, comme l’œuvre capitale de son auteur, s’égale en importance à la M. en si mineur, de Bach, et la surpasse en profondeur dans l’expression à la fois humaine et mystique du sentiment religieux, portée, en dehors des cadres liturgiques, à son maximum d’émotion et de puissance. Tout pâlit à côté d’une telle partition. Les M. de Weber et de Schubert, d’un intérêt secondaire, celles de Cherubini (M. en ré, 1821 ; M. du sacre, 1825) froides et factices, malgré la belle qualité de leur écriture, la Graner-Messe de Liszt, ainsi nommée de sa destination, pour la dédicace de l’église de Gran (1856), la petite M. solennelle de Rossini (1869), comptent à divers titres parmi les M. les plus célèbres, composées au xixe s. On doit faire une place à part à Gounod. Après avoir écrit dans les formes habituelles en son temps sa M. de Sainte-Cécile (1855), on le vit, sur la fin de sa carrière, tenter de se rapprocher des traditions palestriniennes, dans lesquelles ses convictions religieuses en même temps que ses goûts d’artiste lui faisaient reconnaître le langage musical le mieux adapté aux exigences et à l’esprit de la liturgie catholique. Ses M. de Jeanne d’Arc (1887) et du B. de la Salle (vers 1890) sont moins des pastiches que des essais de transaction entre deux styles et deux conceptions opposées d’une même art et d’un même but. * Depuis cette époque, et surtout sous l’influence des idées de rénovation de la musique religieuse par la Schola Cantorum de Bordes, Guilmant et d’Indy, les conditions liturgiques et l’expression plus vraiment religieuse de la M. ont amené la composition d’œuvres intéressantes et variées, dont l’a cappella utilisant tous les moyens et procédés harmoniques modernes, forme la base, œuvres surtout de but pratique. En dehors de ce mouvement de réforme, il convient de signaler, comme œuvres intéressantes au point de vue musical sur les paroles de la M., celle de Widor (op. 36) à deux orgues, avec chœur à quatre voix mixtes et 2e chœur à l’unisson, et celle de Louis Vierne (1900), œuvre plutôt symphonique — et partant plus éloignée de la conception rationnelle de la M. — mais donnant une juste idée de l’inspiration des compositeurs modernes en dehors du style d’église proprement dit M. des Morts. (Voy. Requiem)

Mesure, n. f. Division du morceau ou du thème musical en sections d’égale durée, séparées, dans la notation, par la barre de mesure (voy. ce mot) et contenant chacune un même nombre de temps, exprimés en notes et silences dont les valeurs s’équilibrent en un total égal. La M. a établi son règne dans la musique moderne parce qu’elle est commode pour l’exécution à plusieurs parties ; elle rend aisément compréhensibles les rythmes réguliers ; elle entrave, au contraire, la liberté d’interprétation des rythmes libres. L’appliquer aux œuvres d’une époque antérieure à l’adoption de la symétrie des périodes et à la rigidité des temps battus est souvent une erreur préjudiciable à leur interprétation. Frescobaldi recommande aux exécutants de ses Toccate (1614) de ne pas s’assujettir à une M. stricte, mais d’agir, à l’orgue, à la manière des chanteurs de madrigaux, qui modifient le mouvement d’après leur sentiment et le sens des paroles. On classe aujourd’hui communément les M. en deux catégories, dites simples et composées. Les M. simples, dans la notation moderne, sont celles dont l’unité de temps est représentée par une valeur de note simple, ronde, blanche, noire, etc. Les M. composées sont celles dont l’unité de temps s’exprime par une valeur pointée, c’est-à-dire augmentée de la moitié de sa durée, ronde pointée, blanche pointée, noire pointée, etc. On indique la M. régulatrice du morceau par un chiffre de fraction placé en tête de la portée initiale, après la clef et l’armure, et dont le dénominateur désigne la valeur choisie pour unité de temps, et le numérateur, le nombre de temps, ou de répétitions de la valeur choisie, dans l’intérieur de chaque mesure. Les chiffres usuels sont :

Mesures simples : binaires, battues à deux temps, 2/1, 2/2 ou 𝄵, dite alla breve, 2/4, 2/8 ; battues à 4 temps, 4/1, 4/2, 4/4 ou 𝄴, 4/8 ; ternaires : 3/1, 3/2, 3/4, 3/8.

Mesures composées : binaires, battues à deux temps : 6/2, 6/4, 6/8, 6/16, battues à 4 temps : 12/4, 12/8, 12/16 ; ternaires 9/2, 9/4, 9/8, 9/16.