d’idées, et voulant imiter les Français, tombent dans d’extravagantes minuties ; J.-G. Werner, par exemple, écrit un Instrumental-Kalender où les douze mois sont représentés : la longueur des jours et des nuits en février étant respectivement de dix et de quatorze heures, est exprimée par des reprises de menuets en dix et quatorze mesures ! Il faut venir jusqu’à la grande symphonie classique pour que la M. offre des pièces instrumentales vraiment caractéristiques ; Haydn, dans un genre amusant, avec la Symphonie La Poule, celle de la Chasse à l’Ours, Les Adieux à l’amusant finale ; Beethoven avec La Pastorale où les motifs de chants d’oiseaux sont si remarquablement utilisés dans la Scène au bord du ruisseau, ont ainsi laissé de beaux exemples de M. ressassés d’ailleurs et copiés, en les défigurant, par maint compositeur médiocre du xixe s.
La peinture d’un fleuve lent et puissant
a été réalisée par Wagner, dans le prélude
de L’Or du Rhin, où, sur une pédale
de cent trente-six mesures, s’étalent
en imitations de plus en plus serrées,
les sons d’un accord élémentaire, successivement
émis par huit
cors, et qui forment comme
les grands cercles tranquilles
entrecroisés à la surface d’une
eau profonde et mouvante :
La peinture de la mer est suggérée à merveille par l’ondulation du dessin musical en arpèges par d’Indy, dans L’Étranger, ou dans son Lied maritime ; par Pierné, dans La Croisade des enfants, etc. Les maîtres russes modernes ont un penchant pour la description, surtout Rimsky-Korsakow. Dans le prologue de son opéra Sniégourotchka (1880), il y a une scène de chants et danses des oiseaux toute remplie de thèmes imitatifs ; dans sa symphonie Antar, il excelle, plus puissamment que ne le fit Félicien David, à évoquer les déserts arabiques. || M. dramatique. * L’art antique et celui du moyen âge, ont toujours, à l’occasion, accompagné de M. les représentations théâtrales. C’est toutefois seulement vers la fin du xvie s. que se forme la M. proprement dramatique, dans laquelle les situations et les sentiments sont traités avec le parti pris de grandiloquence et de développement dont l’opéra (voy. ce mot) fut la synthèse. Le style ainsi formé influa d’ailleurs sur la cantate, puis l’oratorio, et en dernier lieu sur les formes instrumentales. La Fantaisie de Mozart en ut mineur (1789) pour le piano représente la première introduction du style de la M. dans les œuvres de clavier ; l’exemple fut suivi de près par Clementi dans son admirable Sonate du même ton, prototype elle-même de la ive Symphonie de Beethoven, où l’emploi d’une forme toute dramatique se joint en même temps à la M. descriptive, ou « à programme ». (Voy. Cantate, Drame, Oratorio, Passion.) || M. instrumentale. Déjà au xie s. la M. instrumentale était pratiquée en dehors de la danse. Un peu plus tard, le roman du « Chevalier à l’Espée » rapporte les concerts donnés après les festins, où se font entendre la vièle, la flûte, la chalemie et dans lesquels la voix est accompagnée de la lire ou de la rote. (Voy. tous ces mots.) Le nombre des types d’instruments différents est une des caractéristiques du moyen