monotonie résultait de cette sujétion. Pour introduire cependant quelque variété d’effets musicaux, ils glissaient tantôt dans une partie, tantôt dans une autre, de brefs petits dessins ornés ou de petites réponses, qui n’interrompaient pas l’observation des temps métriques, seuls guides de la mesure poétique et musicale :
Rythme— ◡◡ — ◡ — —
— ◡ — ◡ — ◡ — etc.
Il en résulte une incertitude dans l’interprétation actuelle de leur M. sous le rapport du rythme et de la mesure battue. Tout est conventionnel dans cet art. On ne peut même pas dire combien il s’éloignait des modèles antiques puisqu’on ne connaît pas avec certitude la façon d’interpréter dans ceux-ci les types à pieds inégaux. || M. militaire. * Pendant de longs siècles, à part des batteries ou quelques signaux au rythme bien déterminé, la M. n’a eu rien de spécial comme répertoire ni comme groupement d’instrumentistes. Dans la première partie du moyen âge, il semble que tous ceux qui le pouvaient frappaient ou soufflaient dans quelque instrument que ce soit de manière à obtenir le plus de bruit possible. Les sonneries semblent se réglementer aux xive et xve s. En tout cas, au début du xvie, il y avait déjà des sonneries et batteries régulières, utilisées amplement par Jannequin dans sa fameuse fantaisie vocale sur La Bataille, et qu’on retrouve en partie au temps de Louis xiii. À l’époque de Louis xiv, Lulli donne le premier modèle de marches militaires écrites à plusieurs parties pour les fifres, les hautbois ou les trompettes, formant la base d’un répertoire que la collection Philidor nous a conservé, et qui resta en usage pendant la plus grande partie du xviiie s. Les timbales étaient largement employées, dans la cavalerie surtout, comme instrument de percussion. C’est en 1762 que fut formé, par les soins du maréchal de Biron, alors colonel des gardes françaises, le premier corps de M. militaire proprement dit, comprenant seulement quatre hautbois, quatre clarinettes, quatre cors et quatre bassons. En 1788 cette bande était passée à vingt-quatre musiciens, et trente-deux l’année suivante. Le régiment des gardes suisses avait suivi le même mouvement. Dès 1777, les concerts publics de M. militaire avaient lieu, donnés alternativement par les deux groupes, d’abord à Versailles, puis à Paris, sur les boulevards, alors principalement lieu de promenade. On signale, en 1783, la participation pour la première fois, de ces bandes militaires, dans une cérémonie publique, au Te Deum chanté à Notre-Dame pour l’indépendance de l’Amérique. En Angleterre et en Allemagne, un mouvement analogue se produisait, et l’organisation des M. militaires, de leur répertoire, de leur rôle était basée sur le même plan, mais avec une grande part donnée à ce qu’on appelait alors la « M. turque ». (Voy. plus bas.) En 1790, l’organisation d’une École de M. militaire par Sarrette, fut le noyau des corps de M. qui bientôt allèrent prendre part aux grandes exécutions publiques en même temps que le développement pris par ses cours, joints aux classes de l’ancien hôtel des « Menus », déterminait l’institution du Conservatoire national (voy. ce mot.) Le musicien Gossec fut le principal organisateur de ces M., et le compositeur attitré de leur répertoire, où la marche, l’ouverture, le pas redoublé, avoisinaient avec les airs patriotiques ; en même temps, Gossec utilisait ses musiciens dans des pièces avec chœurs : dès 1791, la fête de la Fédération lui donnait lieu de faire exécuter son Te Deum avec un nombre imposant d’exécutants sans cesse accru dans les solennités ultérieures, jusqu’à compter plusieurs centaines d’interprètes pour la cérémonie du 14 juillet 1794. Au milieu du xixe s., l’invention des instruments de cuivre du type Sax appliqué aux autres instruments à piston, donna lieu de les introduire rapidement dans les bandes militaires, et de créer le genre de sonorité spéciale à ces M., dont de