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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/290

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tels instruments formèrent désormais la base, en dehors des corps de clairons, trompettes et tambours chargés des sonneries et batteries réglementaires. Il est inutile d’insister ici, à la fois sur la difficulté d’obtenir des M. régimentaires une valeur suffisante, difficulté principalement à la durée de plus en plus réduite du temps de service militaire ; mais il faut, à l’inverse, mentionner la valeur de certains corps, comme la M. de la garde républicaine, héritière de la vieille organisation du maréchal de Biron, et dont les exécutants commissionnés assurent à cette bande d’élite la stabilité et la haute perfection artistique. Les M. militaires, ainsi développées au cours du même siècle, servirent de modèle à la création des différentes et nombreuses sociétés de « fanfare » et d’ « harmonie », dont le répertoire est le même. || M. populaire. On désigne plus spécialement sous ce titre non les œuvres musicales ayant le plus de popularité, mais celles destinées, par des formes de leur composition, à un succès rapide dans l’ensemble des foules, et, plus encore, les pièces conservées par la mémoire du peuple en divers pays, et dont l’origine est quelquefois fort ancienne. (Voy. Chant populaire ; Exotisme ; Folk-lore.) || M. profane. * Toute musique qui n’est pas spécialement écrite pour les fonctions du culte ou pour exprimer les sentiments religieux. || M. à programme. * Variété de M. descriptive, dont l’auteur se propose de suivre pas à pas un plan déterminé non par les proportions et les formes musicales propres, mais dans le dessein de peindre musicalement une série de situations variées ou d’objets divers. || M. religieuse ; M. sacrée. 1. M. catholique. * Ces deux termes, pris souvent l’un pour l’autre, s’appliquent aux compositions musicales d’ordre religieux qui sortent du cadre du chant liturgique proprement dit (voy. ce terme), comme les pièces à plusieurs voix, les morceaux de musique d’orgue, et, à plus forte raison, les cantiques, cantates, etc., sur des objets religieux. Le règlement célèbre du pape Pie x, « motu proprio sur la musique sacrée » (22 nov. 1903), rassemblant en un « code juridique » les prescriptions de l’église catholique sur la matière, réserve le vocable de M. sacrée à celle qui est destinée aux fonctions du culte, — comme les hymnes, les messes, les motets, — et par là, oppose celui de M. religieuse en général à toute autre composition inspirée par des sentiments religieux. Dans le culte catholique latin, l’histoire de la M. R. ou M. S. se confond avec celle du développement de la polyphonie et des formes musicales qui grandirent avec elle ; jusque vers le xiie s., elle se borna à quelques organums vocaux ou accompagnés de l’orgue. Puis naquit, le motet, la messe à plusieurs voix, l’art a cappella (voy. tous ces mots.) Si l’on utilisa quelquefois d’autres instruments dans l’exécution de la M., ce ne fut qu’en des occasions très solennelles, telles qu’une réception de Souverain Pontife, un sacre de roi, etc., à partir environ du xive s. peut-être mais surtout du xve. Au xvie, l’entrevue du Camp du Drap d’Or représente l’une des rares occasions où l’on ait vu des chapelles-musique exécuter des pièces de M. sacrée avec le concours d’instrumentistes militaires, qui soutenaient les parties vocales des messes et motets : il est vrai qu’il s’agissait d’une exécution de plein air. Ordinairement, ces chapelles chantaient sans accompagnement, ou quelquefois avec orgue, bien qu’en Espagne il fût d’usage, de bonne heure, au moins pour les offices royaux, d’avoir des chalemies, luths, etc. et que Lassus utilisât, à la chapelle de Munich, un groupe important d’instrumentistes, violes, trombones et autres, doublant et renforçant les voix. Mais, même avec le développement de la M. instrumentale, il était fort rare que l’orchestre entrât à l’église ; vers la fin du xviie s., on ne le voit encore paraître que pour les cérémonies extraordinaires, telles que les Te Deum célébrés dans chaque paroisse pour les événements publics. À l’occasion de la naissance du duc de Bourgogne (1682), le zèle des musiciens et du clergé redoubla. On entendit par exemple, en l’église Saint-Victor, à Paris, un Te Deum de Minoret, chanté par quatre-vingts voix, « accompagnées de clavecins, théorbes, basses de viole, violon et basson ». C’était l’époque, d’ailleurs, de la constitution de la chapelle royale de Versailles, où les instruments d’orchestre jouaient leur rôle dans les « grands motets » dont Lulli et Du Mont donnèrent le type, et que M.-A. Charpentier introduisit bientôt à la Sainte-Chapelle. En Italie, Monteverde à Venise, vers 1607, avait déjà placé dans la composition d’une messe des épisodes instrumentaux ; le développement des histoires sacrées, de l’oratorio, et, dans les pays détachés du catholicisme, de l’anthem en Angleterre, de la cantate religieuse en Allemagne, amenèrent de plus en plus l’introduction du style profane dans