Aller au contenu

Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/292

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

sinent volontiers des compositions modernes de M. sacrée. — 3. M. religieuse russe. Seule parmi les autres églises d’Orient catholiques ou séparées, l’Église russe s’est constitué un répertoire de M., en supplément à son chant liturgique. Elle eut d’ailleurs de bonne heure sa notation et ses airs traditionnels ; les chants dit Znammenoie Penie et leur notation en neumes spéciaux remontent aux xiie et xiiie s. Smolensky en a donné une édition moderne et, avec Metallow, a, depuis 1887, consacré de grandes publications au répertoire et à l’histoire du chant religieux russe. Il a réussi à fonder la première bibliothèque spéciale de ce chant, où abondent les œuvres chorales de trois à douze voix (447 numéros à douze voix), et même à seize, vingt-quatre et jusqu’à quarante-huit voix. D’où il résulte que la Russie (au moins à partir du xvie s.) a possédé à l’égal des autres nations une école florissante de contrepointistes. La différence de langue et de liturgie a causé l’ignorance du monde musical relativement à cette production considérable. Un style plus moderne et profane apparut au xviiie s. sous l’influence des italiens russifiés, Galuppi et Sarti. Le Russe Bortniansky en est le représentant le plus connu. Tous ceux qui ont entendu les chœurs religieux russes, dans les églises, et, pendant la guerre, dans les camps, ont été frappés de leur beauté. On a décrit ces chants : des mélodies très simples d’un ambitus restreint, accompagnées à demi-voix par les autres parties du chœur et donnant l’idée d’ « une voix qui prie au nom de tous les fidèles, sans que ceux-ci s’abstiennent de prendre une part effective à l’acte d’adoration ». La beauté des voix a puissamment contribué à l’effet produit sur les auditeurs étrangers par ces chœurs ; les basses sont renommées. De plus, les peuples slaves ont « la notion de l’harmonie ». La M. russe ne supporte pas d’accompagnement : elle est complète, vocalement. Les dessins mélodiques sont très simples ; il y a une grande proportion de récitatifs et de mélodies sur très peu de notes. Des compositeurs modernes russes ont harmonisé à quatre voix d’anciennes mélodies, ou en ont composé de nouvelles : ce genre mixte n’est pas toujours des plus heureux. La chapelle impériale russe, recrutée dans les conservatoires, offrait aux étrangers des exécutions exceptionnellement brillantes. Les musicologues russes prêtent depuis quelque temps une grande attention à leur ancienne M. En dehors des publications signalées plus haut, le pope Kourloff a publié des éditions populaires des chants liturgiques russes, pour inciter le peuple à y participer. — 4. M. israélite. En dehors de sa cantillation liturgique et purement traditionnelle, soumise, comme telle à de multiples variations, parmi lesquelles il est malaisé de discerner la part exacte des divers éléments d’origine, le culte israélite ne possède plus de chants antiques. On regarde comme datant de « l’aube de la Renaissance » les plus anciens de ceux qui forment la partie musicale du répertoire synagogal. Halévy est l’auteur du Halel, « morceau capital » de ce même répertoire ; la Prière de Moïse, de Rossini, est chantée traditionnellement depuis 1872 dans les temples de Paris pendant les cérémonies nuptiales. Le recueil de M. publié en 1895 par Samuel David contient avec des chants anciens recueillis, mais « simplifiés, épurés » par l’auteur, des morceaux modernes dans le pire style des plus médiocres maîtres de chapelle chrétiens, et des arrangements d’œuvres classiques, tels qu’ils les pratiquent (adagio de la Sonate pathétique, larghetto de la iie Symphonie de Beethoven, avec textes hébreux). Le chant Kol nidrei, dont Max Bruch a fait une pièce instrumentale, est rangé parmi les mélodies « traditionnelles ». L’orgue est admis avec recommandation d’être sobre d’improvisations ; la harpe est « l’instrument sacré par excellence ». || M. de scène. On donne ce titre aux suites de morceaux écrits pour servir d’ouverture, d’entr’actes, et pour accompagner certaines scènes parlées d’un drame, d’une tragédie, etc. [* De telles compositions, pour lesquelles on puisait souvent dans le répertoire symphonique ordinaire, ont toujours été en usage, dès au moins le xive s., pour les représentations des mistères ; la fin du xve s. et le xvie, où furent écrits et joués de nombreux drames accompagnés de M., nous en donnent de fréquentes mentions, et les premiers essais qui préparèrent l’opéra, offrent, dans le « ballet de cour » du xvie et des premières années du xviie, des exemples abondants de ce genre de productions]. Parmi les plus célèbres compositions modernes de ce genre, on doit citer les partitions écrites par Beethoven pour Egmont, de Gœthe (1810), par Mendelssohn pour Le Songe d’une nuit d’été, de Shakespeare (1826 et 1843), par Meyerbeer, pour Struensée, de Mich. Beer (1846),