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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/293

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par G. Bizet, pour L’Arlésienne, de Daudet (1872), par Massenet, pour Les Erynnies, de Leconte de Lisle (1873), par V. d’Indy pour Médée, de Catulle Mendès (1898). || M. symphonique. (Voy. M. instrumentale, instruments, symphonie.) || M. turque. On a désigné sous ce nom un genre de bande de M. militaire mis à la mode dans la seconde moitié du xviiie s. et resté en usage assez longtemps. La mention du « croissant » autrement dit « chapeau chinois » dans la M. du duc d’York, en 1783, est l’une des plus anciennes de celles qui concernent la M. en Occident et peut servir à en calculer la date d’introduction dans les bandes européennes. Les simples voyageurs revenus de Constantinople aussi bien que les hommes de guerre ayant eu à combattre les troupes du sultan connaissaient l’étrange « M. de janissaires », groupement d’une quinzaine d’exécutants jouant à l’unisson de quelques hautbois aigres et de flûtes criardes, avec un vacarme désordonné de petites timbales, de tambours, de triangles, de clochettes, de cymbales, de grosse caisse. Où débuta, dans les armées, l’épidémie de M. ? D’aucuns assurent que ce fut en Pologne, où Auguste ii (1709-1733) aurait obtenu, de son voisin le sultan, l’envoi d’une bande complète de janissaires, entièrement équipée. Mais d’autres écrivains placent l’événement en Russie, du temps de l’impératrice Élisabeth (1741-1763), chez laquelle un musicien allemand, ayant passé par le Bosphore, serait venu former des Slaves au maniement de l’orchestre turc. Selon le rapport assez vague de Schubart, le même goût ou la même aberration aurait gagné vers 1750 les cours allemandes. L’adoption de la M. fournit un prétexte facile à l’imagination des dessinateurs de costumes, et l’on vit les nègres y faire prime ; ils y furent habillés de tuniques tailladées, aux couleurs éclatantes et coiffés d’énormes turbans et pour achever de donner à leur réunion un cachet d’extravagance, on leur apprit à accomplir tout en marchant des prouesses d’acrobates, à jongler avec leurs baguettes, à frapper tambours, grosses caisses ou cymbales en faisant « toutes sortes de contorsions ». || M. vocale (Voy. air, chant, chœur, etc.)

Musiquer, v. intr. — familier. Faire de la musique. || Mettre des paroles en musique.

Musiquette, v. f. Par moquerie : petite et chétive musique.

Mutation, n. f. Changement que subit la réponse d’une fugue, par rapport au sujet, toutes les fois qu’elle module au ton de la dominante ou de celui-ci au ton principal. (Voy. Jeux d’orgue et muances.)

Mutisme, n. m. Impuissance d’articuler les sons.

Mutité, n. f. T. de médecine. Privation de la parole, de la voix articulée.

Mystère (ou mieux mistère), n. m. Spectacle semi-religieux et semi-populaire, qui se représentait au moyen âge sous le porche ou sur le parvis des églises et à l’embellissement duquel participaient les orgues et des instruments de musique de toute nature. [* Il a pour origine les tropes intercalés parmi les chants religieux et qui, dès le ixe s. ou le xe, commencèrent à être partagés entre divers exécutants. Comme le trope était souvent d’inspiration dramatique, il donna naissance, au xie s. environ, à des jeux liturgiques (ludi) qui mirent en scène, dans le chœur même de l’église, la représentation chantée et figurée des événements commémorés par la liturgie : la Résurrection, la Nativité, les scènes de l’Évangile, représentations pieuses intercalées au milieu de la célébration de l’office. Les jeux les plus remarquables de cette première époque sont ceux des Prophètes du Christ, des Vierges sages et des Vierges folles (où la langue vulgaire, alternée avec le latin, apparaît pour la première fois, commencement xiie s.). Le célèbre jeu de Saint-Nicolas est déclamé, et marque la sortie du temple de ces pièces nouvelles. Au xiiie s., apparaissent les Miracles, qui auront une vogue extraordinaire, et qui mettent en scène des événements merveilleux, vrais ou supposés.] Dans les diverses pièces appelées Miracles de N.-D. par personnages, de véritables intermèdes musicaux interrompent parfois l’action. Lorsque, notamment, les personnages de la pièce se trouvant dans une circonstance très pathétique, s’adressent en suppliants à la Mère de Dieu, Notre-Dame apparaît, accompagnée de l’ange Gabriel et de l’Ange Michel, quelquefois d’autres saints avec eux ; et, pour solenniser cette apparition, N.-D. elle-même commande à ses compagnons de chanter, ce qu’ils font en forme de Rondel, après quoi N.-D. adresse un petit discours au personnage qui l’a invoquée et dit à son escorte : « Ralons-nous-en ! » Des scènes de ce type sont reproduites par G. Paris et U. Robert dans les éditions des Miracles de N.-D., comme faisant partie des