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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/295

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Neumatique, adj. Qui a rapport aux neumes. (Voy. Notation neumatique.)

Neume, n. m. et qqf. f. 1. Figure de note (Voy. Notation neumatique.) || 2. Formule mélodique ornementale ajoutée aux chants liturgiques. Au cours du moyen âge, dans le but de faire paraître l’office plus solennel, on avait accoutumé d’ajouter aux antiennes et à certains répons, des vocalises de rechange, souvent interminables, appelées N. Ces vocalises tantôt s’intercalaient sur certains mots, tantôt s’adaptaient à la dernière syllabe ; en elles-mêmes, elles n’avaient aucune signification. Un canon du synode de Reims en 1583, en ordonna la suppression, mais sans toucher aux mélodies elles-mêmes. Ces sortes de N. sont encore en usage dans certains pays.

Neumer, v. tr. Noter une musique en neumes. On dit d’un manuscrit qu’il est n., lorsqu’il contient des chants en notation neumatique.

Neuvième, n. f. Intervalle de neuf degrés, formé d’une octave et une seconde. Redoublement de la seconde. (Voy. Accord, Dissonance, Enchaînement et Saut.)

Nez, n. m. Organe placé au-dessus de la bouche humaine et destiné, du point de vue vocal, à servir de résonateur. Lorsque, pour une raison quelconque, les organes vocaux sont altérés, la résonance nasale s’en trouve renforcée, d’où le nasillement et le nasonnement. Les personnes malhabiles à se servir de leur voix arrivent dans le chant au même résultat : on dit qu’elles « chantent du nez ». Cependant, ce qui paraît comme un défaut dans l’art occidental moderne a été longtemps et est encore considéré comme une élégance dans l’art vocal des peuples de l’Orient ; la notation byzantine contient même un signe spécial indiquant les endroits où il faut plus particulièrement chanter du nez en renforçant ce son intérieur, endephonon.

Nocturne, n. m. 1. Ce nom s’applique d’abord, dans l’office religieux, aux trois parties des Matines, nommées aussi Ténèbres pendant la semaine sainte, et pour lesquelles Palestrina, Ingegneri et Victoria ont composé leurs immortels Répons (voy. ces divers mots). || 2. Au xviiie s., le notturno s’entendait, dans un sens analogue à la sérénade, d’un morceau instrumental exécuté en plein air, de nuit, dans un jardin ou sous les fenêtres d’une personne que l’on voulait fêter ou honorer. Ce titre a été donné à des compositions de Michel Haydn (1772) et de Mozart (1776) pour petit orchestre. Ces ouvrages, comprenant une série de petits morceaux séparés les uns des autres, étaient destinés à des exécutions en plein air, de nuit. Il n’y a aucun rapport de forme entre le notturno pour petit orchestre, de l’époque classique, et les N. modernes. Dans le xixe s. le même titre fut donné à deux voix, d’un caractère analogue à celui de la romance, tels les N. de Mme Gail, tout au début du siècle, ceux de Blangini. Le charmant duetto pour 2 voix de femmes, dans Béatrice et Bénédict, de Berlioz (1856), rentre dans le style du N. En même temps, le pianiste irlandais John Field (1782-1837) et le Polonais Chopin (à partir de 1834) fixèrent la forme du N. pour piano, qui est un morceau de mouvement lent et d’expression pathétique ou sentimentale avec ornements mélodiques, sur le plan très simple du da capo, souvent avec une accélération de mouvement dans la partie centrale. Les deux N. pour orchestre, de Debussy, Nuages et Fêtes, datent de 1900.

Noël, n. m. Cantique spirituel, en langue vulgaire, en l’honneur de la naissance de J.-C., ou chant populaire auquel les réjouissances de la fête de Noël servent de prétexte. Ces mentions de l’usage des chants en langue vulgaire pendant la nuit de Noël se rencontrent dès le xiie s. (mais les plus anciens N. proprement dits ne remontent pas au delà de la seconde moitié du xve s.). Plusieurs livres de N., ordinairement sans musique notée, furent imprimés dans la 1re moitié du xvie s. Leurs titres les disait « reduitz sur le chant de plusieurs chansons nouvelles », ou « composez sur plusieurs chansons tant vieilles que nouvelles ». Beaucoup étaient en patois, mais composés par des « lettrés », le curé Lucas Le Moigne, le chapelain et organiste Daniel, dit Mitou. Les N. de Jean Daniel, dit maître Mitou, publiés pour la première fois à Lyon, sans date (xvie s.), et souvent réimprimés pendant les deux siècles suivants, ne sont aucunement religieux, ni par le caractère familier et bouffon des textes, ni par la musique à laquelle ils s’adaptaient, qui était, selon leur titre « le chant de plusieurs belles chansons ». Vers le milieu du xvie s., Nicolas Denisot « entreprit de ramener la gravité dans les N. ». Il fit paraître au Mans, sans date et à Paris, 1553, sous l’ana-