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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/300

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prendre une ligne idéale pour point de repère dans la situation des neumes. Dans les manuscrits aquitains du xie s. apparaît déjà une ligne unique entaillée dans l’épaisseur du parchemin ; dans les mss. italiens, cette ligne, tracée en rouge, reçoit l’addition de la lettre F, placée au commencement, qui précise sa signification et sert de clef. Les témoignages des théoriciens s’ajoutent aux monuments notés pour montrer dès cette époque l’élargissement de ces tentatives, l’addition des lignes en creux, puis d’une ligne jaune avec la lettre C. Guido d’Arezzo présente au pape Jean xix un Antiphonaire ainsi noté. À défaut de couleur rouge, on ajoute un point à l’F. Pendant le xiie s., la N. diastématique, sur portée, gagne toute l’Europe. L’Allemagne l’adopte la dernière. Les lignes, en nombre variable, constituent la portée ; les lettres placées au début deviennent les clefs. (Voy. les mots portée et clef, où on traite en détail de leurs origines et modifications.) Les neumes, gardant leurs formes propres, sont placées sur les lignes. (Voy. N. grégorienne et N. neumatique.) On nomme souvent guidonienne du nom de son propagateur, cette première phase de la N. sur portée. || N. ekphonétique. N. en usage pour la N. du chant religieux byzantin, avant le xe s., et dans laquelle les plus récents historiens reconnaissent l’origine de la N. constantinopolitaine, elle-même regardée par divers auteurs comme principe de toutes les N. neumatiques de l’Orient et de l’Occident.


Cette N. repose sur une série peu nombreuse de signes en forme d’accents, qui concernent : la hauteur des sons (accents aigu, grave et circonflexe) ; leur durée (longue, brève) ; l’expression ou l’ornementation ; enfin, quatre signes pour l’intonation, la liaison ou la séparation des mots ou des phrases et la fin. || N. gothique. (Voy. N. grégorienne.) || N. grégorienne ou du « chant grégorien. » (Voy. ce terme.) Dans ses premiers siècles, le chant grégorien usa des N. en usage, alphabétiques, neumatiques, diastématiques, etc. Au xiie s., l’invention de la N. proportionnelle (voy. ce mot) ayant déterminé de nouvelles formes, pour la musique mesurée, le chant liturgique resta noté suivant le stade auquel était alors parvenu la N. diastématique, avec quelques légères modifications. Aussi appelle-t-on couramment N. grégorienne la N. du xiie s., conservée dans les chants liturgiques. À cette époque, le principe de la portée et des clefs, en s’affermissant, entraîna une modification graduelle des figures de notes. Les neumes prirent une apparence différente selon les contrées. Deux courants se distinguent, l’un allemand, l’autre latin (italien et français), qui aboutissent à des formes d’aspect opposé. En prenant pour exemple un seul signe, la clivis, on la trouve tracée :

La N. latine fut connue sous le nom de N. carrée, à cause de la forme de ses principaux éléments ; l’autre a été désignée en Allemagne sous le nom de N. à têtes de clous (huffnagel ou rossnegel), et est plus connue hors de ce pays sous le nom de N. gothique. Elles restèrent toutes les deux ainsi en usage, jusqu’au moment où l’imprimerie devait, en répandant les éditions, porter au chant neumatique, ainsi conservé, un coup mortel. (Voir plus loin les formes de la notation grégorienne.)

À l’époque de l’invention de l’imprimerie et jusque vers la fin du xviie s., les deux formes différentes de notes se maintinrent en usage pour la N. du chant liturgique, la N. carrée, adoptée en France et dans les pays latins, en Angleterre et dans une partie de l’Allemagne, et la N. gothique, limitée aux pays allemands et à la Suisse. Ces deux N. sont en usage, dans ces régions, à la fois dans les imprimés et dans les manuscrits. Une grande difficulté pour les imprimeurs était de figurer les signes neumatiques en se servant de caractères isolés rapprochés les uns des autres, au lieu de caractères spéciaux. De cette condition matérielle résultèrent même de grands changements dans les mélodies.

Le point ou brève prit la forme d’un petit carré

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plein,
la semi-brève, celle d’un losange

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,
la longue, d’un petit carré plein muni d’une queue

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.


Leur confusion, et leur fusion, ligatures, ou groupes destinés à imiter les anciens neumes, entraînèrent beaucoup d’erreurs, en même temps qu’étaient abonnées ou transformées certaines formules neumatiques. On trouve encore, entre 1568 et 1579, des livres liturgiques conformes, pour le texte, au bré-