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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/313

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gédie lyrique », encore donné en 1779 à Iphigénie en Tauride, de Gluck, aux Danaïdes, de Salieri, en 1784. Orphée et Eurydice, de Gluck (1774), est dit « drame héroïque » ; l’Alceste du même (1776), « tragédie-O. ». Vers 1780, le titre Opéra commença à régner, et s’établit presque uniquement depuis la fin du xviiie s. Cependant la Vestale de Spontini (1807), est encore nommée « tragédie lyrique ».

C’est Fernand Cortez, de Spontini (1808), qui offre « le véritable germe du grand O. moderne », qui remplit la plus importante partie du xixe siècle, portée à son point culminant par Meyerbeer, — Rober-le-Diable est de 1831, — subsista encore, d’une façon générale et sauf certaines concessions aux idées plus modernes, dans les principales œuvres de Berlioz (Les Troyens, 1860) ; Gounod (Faust, 1859 ; Mireille, 1864 ; Roméo et Juliette, 1867) ; de Saint-Saëns, (Samson et Dalila, 1868-1877 ; Étienne Marcel, 1879 ; Henry viii, 1883 ; Ascanio, 1890) ; de Massenet (Le Roi de Lahore, 1877 ; Le Cid, 1885 ; Le Mage, 1891, etc.) ; de Reyer (Sigurd, 1866-1873 ; Salammbô, 1890) ; de Paladilhe (Patrie, 1886). Elle se résume, du point de vue critique, en quelques mots : « Une intrigue romanesque, des coups de théâtre, des décors et des costumes, un livret incolore, des airs, des duos, des ensembles et des ballets » (Laloy). Déjà, les musiciens, français et italiens, subissaient cependant l’influence grandissante de Richard Wagner, et la forme de leurs « drames musicaux » allait s’en ressentir : le vieil O. avait terminé sa carrière. || Les commencements de l’O. allemand se confondent avec ceux de l’oratorio. La comédie latine anonyme Philothea, jouée à Munich en 1643, est un spectacle pieux mêlé de musique. Le 1er O. allemand représenté sur un théâtre, pour l’inauguration du théâtre de Hambourg (1678), avec musique de Theile, roule sur l’histoire de « L’homme créé, déchu et jugé » et a pour acteurs, Adam, Ève, Lucifer, le Serpent, la Justice, le Sauveur et Dieu lui-même. Parmi les O. joués ensuite sur le même théâtre, parurent plusieurs ouvrages sur des sujets religieux ou bibliques : La Nativité (1681), Caïn et Abel (1689), de Fortsch ; Salomon (1703), Nabuchodonosor (1704), de Keiser. Il faut venir, on le sait jusqu’à Mozart pour trouver le premier essai d’un « O. allemand » ainsi qu’il l’exprime dans une lettre de 1778. Encore, malgré son dessein, et son désir, Die Entführung aus dem Serail (L’Enlèvement au Sérail), n’a-t-il d’autre titre que Komisches Singspiel, ce qui l’apparente en 1782, à son Bastien und Bastienne (1768), qui malgré le titre Deutsche Operette, n’était qu’une imitation de l’O.-comique français. C’est La Flûte enchantée (Die Zauberflöte) qui, en 1790, porte pour la première fois le titre de Deutsche oper, et encore, malgré le titre, cette œuvre, qui a pour but de créer un genre d’O. foncièrement allemand, n’emprunte-t-elle à l’O. que la suite ou l’enchaînement des discours musicaux, ayant plutôt, par son livret, le caractère de l’ « opérette ». Weber, sur le terrain de l’O. allemand, se montre le novateur. Dès 1798, il s’y essaye, en des compositions maintenant perdues, laisse bientôt inachevé Rubezahl, un véritable O., cette fois, dont les parties composées ont été refondues en diverses œuvres et donne plus tard enfin, presque de suite, le Freischütz (1820), Euryanthe (1823), Oberon (1825-1826), d’où sortiront presque directement Le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn (1843), et le théâtre de Wagner, qui, s’il visa plus tard à constituer un art nouveau ou plus foncièrement allemand, fut d’abord fidèle aux formes et aux coupes de ses modèles, dès ses essais de 1830 à 1840, et surtout dans ses grandes premières compositions, Der fliegende Holländer (Le Hollandais volant, plus connu sous le nom de Vaisseau-fantôme, 1840-1841) ; Tannhäuser, terminé en 1845 ; Lohengrin, en 1847 ; tandis qu’il esquisse déjà les grandes œuvres qui constitueront sa manière définitive et dont les ébauches se placent entre 1845 et 1857.

Les Nibelungen, dans leurs quatre parties, furent terminées : le Rheingold (l’Or du Rhin), en 1854 ; Die Walküre (La Valkyrie), en 1856 ; Siegfried, 1869 ; Gotterdämmerung (Le Crépuscule des Dieux), 1874. Tristan und Isolde fut achevé en 1859 ; Die Meistersinger (Les Maîtres-Chanteurs), 1867 ; Parsifal enfin, testament suprême du maître, 1882.

En même temps et comme conséquence des idées qu’il avait exprimées dans son ouvrage Opern und Dramma (T. iv de ses Écrits), alors que Lohengrin offre encore le titre d’O. romantique, L’Anneau des Nibelungen est un Bühnenfestspiel en « trois journées et une soirée de veilles » l’ « acte » est désormais la « division » (Aufzug). Tristan porte le titre de Handlung ou « action » ; les deux dernières œuvres sont absolument des « drames en musique » Ton-Drama. L’action lyrique, scénique, musicale est continue d’un bout à l’autre de chaque division