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Page:Dictionnaire pratique et historique de la musique.pdf/356

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qui, à dater de 1720, fabriqua les premiers Hammerclavier, mais qui n’eurent point l’approbation de J.-S. Bach : il fut le premier et principal propagateur de cet ancêtre du piano moderne en Allemagne où les pianos carrés apparurent en 1758. Zumpe, un des ouvriers de Silbermann, apporta en Angleterre, en 1760, les procédés de son maître. On entendit pour la première fois le piano-forte à Londres en 1767, à Drury Lane theatre, où un certain M. Dibdin accompagna un air de Judith « sur le nouvel instrument appelé le Forte Piano ». L’instrument fut bien accueilli et imité : en 1768, un concert est donné par Harry Walsh en Irlande, à Dublin, pour présenter « l’instrument très admiré, appelé le Forte Piano », et le facteur d’orgues et de clavecins Ferd. Weber, l’ami de Hændel, y établit en 1770, la première manufacture de pianos. L’instrument nouveau devint rapidement d’un usage général en Angleterre, où il commença à remplacer le clavecin dans l’orchestre. On signale qu’il existe encore un piano de Weber, daté de 1774. C’est à Londres qu’en 1765 on fit essayer au jeune Mozart un piano à deux claviers, du facteur Tschudi, essai qui ne fut suivi d’aucun succès. Le piano pénétra en France vers 1760, par Londres où sa fabrication fut très active. M. de Briqueville a même cité une mention de vente d’un piano à Paris en 1759. En 1769-1770, Virbès fils, âgé de neuf ans, se faisait entendre à Paris, au Concert spirituel, sur un nouvel instrument à marteaux, espèce de clavecin, « de la forme de ceux d’Angleterre », et qui a été « exécuté en Allemagne suivant les principes de M. Virbès » : celui-ci était organiste à Saint-Germain-l’Auxerrois ; il s’occupait activement de facture et il travaillait à cet instrument depuis 1766. En 1772, le célèbre organiste Balbastre présenta lui-même, aux auditeurs du « Concert spirituel », un « nouveau forte-piano augmenté d’un jeu de flûte ». (Voy. Clavecin et Organiser.) Les annonces de journaux français proposent souvent des pianos depuis 1772 environ ; en 1776, ce n’était plus un objet rare. La suprématie dans la facture en France fut promptement acquise par l’Alsacien Sébastien Érard, établi à Paris en 1775, et qui commença, en travaillant avec son frère, par construire ses pianos à deux cordes et à cinq octaves. Il construisit son premier piano en 1777, et ses instruments avaient en peu d’années surpassé tous ceux de France, d’Angleterre et d’Allemagne. Vers 1786, la vogue du piano-forte se trouvant établie, Érard donna plus d’essor à ses inventions ; il construisit des pianos carrés à trois cordes, modifia le calibre des cordes, ajouta un double pilote au mécanisme des marteaux, produisit en 1790, des pianos carrés de grand format, en 1796 des pianos à queue à trois cordes et à cinq octaves. Pascal Taskin fabriqua aussi quelques pianos, vers 1786-1790.

Piano carré.
Piano carré.
Piano carré.

À cette époque, la mécanique ne comportait aucun système d’échappement, quoique le principe en fût connu depuis longtemps. Les marteaux étaient garnis de cuir : c’est le facteur Pape, d’origine allemande, mais fixé à Paris, qui revêtit le premier les marteaux de feutre, vers la même époque. Dans un piano de Tsakin conservé au musée de Berlin, chaque son est fourni par une seule corde repliée à l’une de ses extrémités, au lieu de deux cordes voisines et séparées ; cette corde unique est retenue à son pli par un crochet à vis qui en règle la tension. C’était une invention de Taskin, qui fut reproduite depuis, mais peu répandue. En 1789, Southwell, de Dublin, qui avait succédé à Weber, inventait le piano droit, et l’étendait à six octaves, de fa à fa’, en l’augmentant à l’aigu : il lançait son instrument à Londres, en 1793, et s’attirait bientôt les félicitations de Haydn. Backer et Broadwood, importants facteurs londoniens, rivalisèrent avec leurs confrères d’Irlande : ce dernier, qui perfectionna le système de mécanisme suivi par Cristofori et Silbermann, (origine de la mécanique dite « anglaise » ) lança à son tour un piano de six octaves, mais de do à do. Dès 1795 ou 1796, l’illustre pianiste Clementi entreprenait de perfectionner l’instrument et, pendant six ans, il se consacra exclusivement à la construction de pianos ; il existe encore des pianos de sa marque, dont la firme continua longtemps son exploitation, et l’on vante « l’élégance discrète de leur forme et l’admirable netteté de leur chant », dont « les quelques échantillons survivants ont de quoi