ce genre fut commencée par Clément Marot en 1533, achevée en 1539. Quelques traductions partielles avaient précédé ce travail et commençaient à se répandre parmi les huguenots français, qui les chantaient privément sur des timbres de chansons. Avant que la traduction de Marot fût publiée, un recueil anonyme de 18 P. et 3 cantiques, dont 12 de la version de Marot, parut en français, à Strasbourg, en 1539, avec la mélodie notée au 1er couplet. La 1re édition de Marat, contenant 30 P., fut imprimée sans musique, à Paris, s. d., 1541. Calvin, qui s’était lui-même essayé à un travail analogue, abandonna son entreprise dès qu’il connut celui de Marot. Les éditions mélangées ou non, notées ou non, commencèrent à se multiplier. Celle d’Anvers, 1541, contenant les 30 Psaumes de Marot et 15 anonymes, indique les timbres de dix pièces : le Psaume c est sur Avanturiers de France, le Psaume xliii sur Jouissance vous donneray, le Psaume cl sur Voulez-vous ouïr chanson. L’origine profane des airs est donc avérée et les P. huguenots ne se différencient pas du vulgaire cantique. Les airs, comme les traductions, varient d’ailleurs d’une édition à l’autre. Mais très vite se fixe le principe du caractère huguenot de toute tentative de ce genre. Avant que la liturgie des églises réformées soit ordonnée, avant qu’elle n’ait ensuite prévu et approuvé l’introduction du chant dans le culte, c’est un acte d’adhésion à la Réforme, ou bien c’est une bravade ou un dilettantisme frondeur chez les catholiques, que de répéter les paroles françaises du psautier nouveau et de les chanter sur tel ou tel air. Six éditions en furent mises à l’index par la Faculté de théologie de Paris, pendant l’hiver seulement de 1542-1543. Marot mourut en août 1544. En 1547, le musicien Louis Bourgeois, s’emparant de ce qui était jusque-là préparé, fit paraître en deux recueils un total de 74 P. harmonisés à plusieurs voix. En 1550, Théodore de Bèze commença son travail de traduction, suite et complément de celui de Marot. En 1553, d’après Florimond de Rémond, le chant des P. « divisés par petites sections » fut prescrit pour accompagner le culte dans les « assemblées » calvinistes.
La part revenant à
chaque musicien dans la composition
des mélodies du psautier est incertaine.
L’origine profane d’un nombre
plus ou moins grand d’entre elles
ne fait pas de doute. Les autres émanent,
partie de Louis Bourgeois,
partie de Guillaume Franc, qui travaillèrent
tous deux momentanément
à Genève. Mais Bourgeois, mal vu
de Calvin, revint à Paris en 1557, où il
publia en 1561 un recueil de toute
son œuvre huguenote, contenant
83 P., (avec le Cantique de Siméon,
le Décalogue, etc.). D’autres musiciens
dans le même temps mettaient au
jour des travaux semblables. Les 150
Psaumes de David, traduits par Marot
et de Bèze, mis en musique à quatre et
cinq parties par Philibert Jambe-de-fer,
parurent en 1565 et la même année,
en deux versions musicales différentes
de Claude Goudimel. Plus ou moins
remanié ou mutilé, le psautier de
Goudimel s’est répandu et maintenu
en France, en Suisse, en Hollande
par une traduction néerlandaise, en
Allemagne par l’arrangement et la
traduction de Lobwasser. Non content
d’avoir traité deux fois coup sur
coup le texte et les mélodies calvinistes,
Goudimel a laissé une suite de
P. développés en forme de motets.
Le plus illustre parmi les musiciens
qui se vouèrent après lui à des tâches
analogues fut Claudin Le Jeune,
duquel on fit paraître en 1601, comme
œuvre posthume, un psautier complet
à quatre voix, et qui avait adopté
la forme du grand motet pour ses 12
P. à six voix, imprimés en 1598
sous le titre de Dodécacorde. Mais la
forme du motet ne put s’acclimater