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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 2.djvu/164

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rendent le travail très-pénible. C’est à la Physique à chercher un remede à cet inconvénient.

Il ne me reste plus qu’une observation à faire, c’est sur la découverte de la baudruche. Comment les hommes se sont-ils avisés d’aller chercher sur le boyau du bœuf cette pellicule déliée, sans laquelle ils auroient eu bien de la peine à étendre l’or ? Ce ne sont sûrement pas des considérations philosophiques qui les ont conduits là. La baudruche étoit-elle trouvée avant qu’on l’employât à cet usage ; ou bien est-ce le besoin qu’on en avoit qui l’a fait chercher ?

Battre, en terme de Cardeur de laine, c’est préparer la laine pour être huilée, en la secoüant sur une claie avec des baguettes, pour en ôter la poussiere.

Battre, en terme de Filassier, c’est écraser & adoucir la filasse à coups de maillet de bois.

Battre une allée, c’est après qu’elle est régalée, en affermir la terre avec la batte, pour la recouvrir ensuite de sable.

Battre la chaude, terme d’ancien monnoyage ; avant la decouverte du laminoir, on battoit les lingots d’or, d’argent, &c. sur l’enclume à grands coups de marteau, après avoir été retirés du moule ; ensuite on les donnoit aux ouvriers afin de recevoir les préparations nécessaires pour être empreints.

Battre, en terme de Potier ; c’est étendre à la main un creuset, par exemple, sur son moule. Voyez Moule.

Battre du Papier, terme de Papetier, signifie l’applatir, & le rendre uni en le battant sur la pierre avec un marteau pesant, dont le manche est court & la masse large. Voyez Papier.

Dans les manufactures de papier, on se sert pour battre le papier & le lisser, d’un marteau, ou plûtôt d’une grosse masse de bois B fort pesante, emmanchée d’un long manche C aussi de bois, auquel l’arbre de la roue du moulin à papier, donne le mouvement par le moyen de plusieurs leviers ou morceaux de bois, qui sortent de cet arbre, & qui appuient sur l’extrémité du manche du marteau ; l’ouvrier A est assis dans un creux, afin d’avoir les mains de niveau à la pierre D, sur laquelle il change le papier continuellement de place, pour le faire battre également partout : il a autour de lui différentes piles de papier GGG, desquelles les unes sont le papier qu’il a retiré de dessous le marteau ; & les autres celui qu’il doit y mettre.

Battre les livres pour les relier : le batteur doit tenir de la main droite un marteau pesant environ neuf à dix livres, & de la main gauche une partie du livre, que l’on nomme une battée, tel que Pl. I. du Relieur, figure A. Son ouvrage est d’applatir les feuilles du livre avec art, pour que le livre soit facile à s’ouvrir. Il y a des papiers fort difficiles à unir.

Battre les cartons ; on bat sur la pierre à battre les cartons quand ils sont attachés au volume, pour en applanir toutes les inégalités.

Battre les ficelles ; lorsque les ficelles sont passées dans les cartons, on en applatit les bouts avec le marteau à endosser sur la pierre à parer, pour éviter qu’elles fassent de l’élevation sous la couverture. On dit aussi rabbaisser les ficelles.

Battre les plats ; lorsque le livre est marbré sur le plat & que la couleur est seche, on bat le plat sur la pierre à battre avec le marteau à battre pour mieux effacer toutes les inégalités, s’il en est resté, & pour renforcir la couverture.

Battre devant, se dit chez les ouvriers qui s’occupent à battre un morceau de fer sur l’enclume, de ceux qui aident le forgeron avec de gros marteaux, & qui sont placés devant lui ou à ses côtés.

Battre du tan ; terme de Taneur, qui signifie concasser de l’écorce de chêne dans des mortiers, ou la

faire reduire en poudre sous les pilons d’un moulin. Voyez Tan.

Battre une dame au jeu du revertier, c’est mettre une dame sur la même fleche où étoit placée celle de son adversaire. Quand toutes les dames sont battues hors du jeu, on ne peut plus joüer, à moins qu’on ne les ait toutes rentrées.

* Battre au tric-trac, c’est en comptant de la droite à la gauche les points amenés par les dés, tomber de la fleche la plus voisine d’une de ses dames, sur une fleche de son adversaire où il n’y ait qu’une dame, cette dame découverte est battue, si le dernier point d’un des dés ou de tous les deux tombe sur elle.

On peut battre de trois façons ; d’un dé, de l’autre, & des deux ensemble.

On bat par doublets, lorsqu’on a amené le même point des deux dés, comme deux quatre, deux cinq, &c.

On bat à faux, lorsqu’en comptant les points amenés par les deux dés, le dernier point de l’un & de l’autre des dés tombe sur une fleche de l’adversaire couverte de deux dames.

On gagne sur une dame battue simplement & d’une façon, dans le grand jan, deux points ; de deux façons, quatre ; de trois façons, six.

On gagne sur une dame battue par doublets dans le grand jan, quatre points ; six dans le petit jan.

Quand on bat à faux, on perd ce qu’on eût gagné en battant bien.

On bat le coin comme une dame, quand on a le sien & que l’adversaire ne l’a pas.

On bat les deux coins quand on n’a que deux dames abattues, & que les points amenés par l’un & l’autre dés tombent tous les deux sur le coin.

On gagne quatre points quand on bat le coin ou les deux coins simplement ; six quand on les bat par doublets.

On en perd autant si on bat le coin à faux ; ce qui arrive quand on n’a que deux dames abattues, & que l’adversaire a son coin.

Il y a encore d’autres manieres de battre. Voyez Trictrac, Dame, Fleche, &c.

BATTU, adj. (Marine.) vaisseau battu de la tempête, se dit d’un vaisseau qui ayant essuyé des coups de vent, se trouve tourmenté ou maltraité par la mer. (Z)

Battu, adj. se dit, dans les manufactures de soie, des ouvrages où il est entré beaucoup d’or & d’argent : on dit ce brocard est tout battu d’or.

Battu, adj. pris subst. se dit chez les Tireurs d’or, du trait d’or ou d’argent quand il est écaché. Voyez Trait & Tireur d'or.

Battu, Pas battu. Voyez Pas.

* BATTUE (faire la), dans les endroits où l’on tire la soie. Voyez les articles Soie & Tirage. C’est l’opération qui succede au tirage, & à la séparation des cocons. Elle consiste à foüetter avec un balai les cocons dans la bassine pleine d’eau chaude, & placée devant la machine à tirer la soie, afin d’en séparer & démêler des brins ou fils, & en commencer ou continuer le tirage. Voyez Soie.

* Battue, s. f. (Chass.) maniere de chasser le loup ; c’est la plus dangereuse pour les chasseurs & pour les loups ; pour les chasseurs, parce que si celui qui conduit cette chasse les dispose mal, ils sont exposés à s’entretuer ; pour les loups, parce que les loups effarouchés par une multitude d’enfans & de femmes de tout âge, qui sont armés de bâtons & qui traquent toute une forêt, sont tous chassés & forcés de passer devant les tireurs.

Battue (Pêche) ; le poisson s’enfonce dans la boue pendant l’hyver ; on reconnoît sa grosseur par le creux qu’il y fait. On appelle ce creux la battue du poisson.