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Page:Dom Bougre aux États-généraux, ou Doléances du portier des Chartreux, 1791.djvu/10

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reproche le tems qu’elle perd : alors ſi c’eſt un ruſé compagnon, il voit qu’elle eſt preſſée, il lui dit de prendre telle ou telle poſture, la ſeule qui le faſſe décharger promptement, il feint de s’être mépris, & la fait changer cinq à ſix fois, eſſaie tour-à-tour, les cuiſſes, le con, les feſſes, les tétons, et fait celle qui comptoit le faire.

Le remède à tous ces abus, ſeroit, je crois, d’adopter le ſyſtême de feu ſieur de la Brétonne, grand écrivain moraliſte, il a propoſé dans un ouvrage intitulé le Pornographe, de chaſſer toutes les filles de joie, de les diviſer en différentes maiſons. Les prix différens ſeroient gravés ſur la porte d’entrée, à-peu-près ainſi : bordel public, de 12 liv. à 3 liv., & ſur les portes de celles-ci ſeroient d’autres écriteaux particuliers, tels que fouteuse, gros téton, poil noir, 6 liv. ou bien branleuſe, petite taille, blonde, jolie main, 3 liv.

Il eſt certain que ce plan, outre qu’il éviteroit tous les inconvéniens dont nous avons fait mention, faciliteroit la viſite & la guériſon des cons malades, qui ſeroient mis dans les chambres de branleuſes ; il ôteroit de deſſous les yeux des femmes & filles honnêtes, l’effrayant ſcandale de la proſtitution publique.

Nous ajouterons aux réflexions du ſieur Rétif, que dans les émeutes populaires, le gouvernement auroit ſous ſa main des eſcadrons de filles qu’il pourroit faire marcher tétons à découverts, dans les lieux où le peuple s’attrouperoit ; il leur ordonneroit de ne rien prendre pour donner du plaiſir ; on verroit aussi-tôt mes mutins perdre de vue l’objet de leurs criailleries, lorgner une gorge, y porter la main, entraîner la fille