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Page:Dom Bougre aux États-généraux, ou Doléances du portier des Chartreux, 1791.djvu/8

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On voit tant de jeunes médecins & chirurgiens qui s’y trompent, qu’il n’eſt pas étonnant que tout autre y ſoit pris.

Souvent, pour inſpirer une confiance qu’elles ne méritent pas, elles offrent hardiment de ſubir une viſite, & voilà ma putain qui ſe jette ſur le dos, écarte les cuiſſes & ſe trouſſe juſqu’au nombril.

La chandelle à la main, le miché met un genou à terre, écarte les lèvres de la matrice, n’y voit rien, & s’empoiſonne.

Ne ſe trouvera-t-il pas dans le nombre des députés, un galant homme qui, ayant eſſuyé cinq à ſix chaude-piſſes & une bonne vérole, ſente le beſoin urgent de faire une motion ſur ce ſujet.

Il doit demander, au moins, que toute fille de joie ſoit tenue de ſe faire viſiter tous les jours, & de tirer un certificat de viſite du chirurgien, pour l’exiber aux fouteurs qui ſe préſenteront chez elle.

Ces cons que l’on laiſſe ravager impunément toutes les générations, ont encore le ſingulier privilége de ſe mettre à quel prix bon leur ſemble. L’arbitraire ne ſauroit être porté plus loin, on en a vu exiger juſqu’à 12 liv. d’un vieillard ou d’un abbé, qui branloient pour vingt-quatre ſols un jeune-homme qui leur diſoit qu’il n’avoit que cela.

Les filles de joie ſe ſont auſſi arrogées le droit de fouiller dans les poches des michés, & juſques dans leurs ſouliers, elles ſuppoſent qu’ils cachent leur argent pour ne leur donner qu’une pièce qu’ils laiſſent dans leur gouſſet.

Il n’eſt pas de commerce dans lequel il y ait plus de mauvaiſe foi que dans le leur. On con-