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Page:Doutre - Les fiancés de 1812, 1844.djvu/99

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Salut ! triste et sombre nature !
Si, devant toi, le ramier fuit,
L’aigle abandonne sa pâture,
Et la rose s’épanouit ;
Pour moi commence ton empire,
J’aime à voir luire tes flambeaux
Et le joyeux son de ma lyre,
Annonce tes moments, si beaux !

Que la flamme du jour s’éteigne,
Ranimant celle de mon cœur ;
Car maintenant rien que je craigne
N’en pourra ralentir l’ardeur.
Que tout autour de moi sommeille,
Et me laisse entonner mes chants ;
Gonzalve vient prêter l’oreille,
Toi seul entendras mes accents.

Si, par les traits de l’infortune,
Tu vois marquer ton avenir,
Le soir contemple cette lune
Qui te dira mon souvenir ;
Alors ton cœur plein de tendresse
Te redira mes chants d’amour ;
Et malgré ta grande tristesse,
Tu voudras chanter à ton tour.