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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/157

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fondu des canons et fabriqué des fusils ? Qui a su mieux que lui approprier la tactique au génie du peuple arabe ? Quel meilleur guide pouvais-je suivre ?

Le capitaine de Melval avait pris la brochure que lui tendait le jeune prince.

C’était une traduction[1] en français des règlements militaires d’Abd-el-Kader.

Il lut en tête :

« Au nom de Dieu clément et miséricordieux, que Dieu bénisse notre seigneur Mohammed ! Gloire à celui qui a donné force et grandeur à la parole de son prophète, notre seigneur, et qui a fondé l’édifice de sa loi sur les assises de sa piété !

« Bénédiction sur le prophète militant ! inébranlable dans les entreprises devant lesquelles reculeraient les héros, organisateur des lignes de bataille semblables aux vagues entre-choquées, sauvegarde de ses principaux compagnons contre les flèches et les lances.

« Il est pour les armées des règles spéciales, des dispositions stimulantes et répressives. Or, celui que Dieu institua chef de ses serviteurs et dont il fit un appui pour sa religion, notre maître, l’émir des croyants, champion de la loi et de la religion, notre seigneur Abd-el-Kader — que Dieu l’assiste ! — est versé dans ces matières. »

— Il n’y a que le nom à changer, fit le jeune prince ; et tu verras que tout ce qu’avait prévu et prescrit l’émir, en 1839, peut se retrouver dans la bouche du sultan soixante-dix ans après.

De Melval poursuivit :

« Ayant donc élaboré ces matières, il dota sa glorieuse armée mahométane d’un règlement spécial déterminant la subordination hiérarchique et provoquant une émulation de gloire et d’honneur. Il en fit faire une rédaction ayant son caractère propre, et la voici, grâce à Dieu, brodée des gemmes de sa parole, pierres et pierreries empruntant leurs feux à la lumière de sa saine pensée.

« Que Dieu prolonge, pour l’islam, l’existence de l’émir

  1. Ce règlement très curieux, traduit à Médéah par Rosetty, interprète de l’armée d’Afrique, sur un manuscrit donné par Marcouf, Raïs-el-Krialla, a paru dans le Spectateur militaire en février 1844.