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Page:Driant - L’invasion noire 1-Mobilisation africaine,1913.djvu/286

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On distinguait les gamelles en aluminium et les sacs des hommes de corvée, et une rumeur joyeuse montait, celle de la bête qui se sent satisfaite et bientôt apaisée dans le plus impérieux de ses besoins.

Et il pouvait être fier, le général Quarteron, d’avoir amené devant l’ennemi. maintenant si proche, une élite si entraînée, si disciplinée, si formidablement armée.

Il reporte ses regards du côté du Sud et eut un geste de satisfaction.

Sur tout le pourtour du camp, de petits groupes étaient disposés en chapelet à intervalles égaux.

D’en haut, on eût dit un de ces filets que les pêcheurs des côtes de France disposent en cercle autour d’un centre poissonneux, et dont la présence est décelée à la surface de la mer par les flotteurs également espacés.

A travers les intervalles, la cavalerie s’écoulait rentrant au camp et allait occuper les places laissées vides sur les deux flancs.

Sentinelle vigilante et laborieuse pendant le jour, elle cédait à l’infanterie le soin de veiller la nuit à la sécurité de tous.

— Allons, cher monsieur, dit le général sans se retourner, je vous souhaite une bonne nuit ; si vous le voulez, les soldats du génie qui vous maintiennent à terre se relaieront pour veiller sur votre aérostat, votre équipage pourra ainsi se reposer.

Mais l’ingénieur n’entendait rien ; tout entier à son rôle d’observateur, il continuait à scruter l’horizon dans la lunette du bord qu’il avait fait installer, à demeure sur la balustrade de cuivre du bardage.

— Décidément, fit le général, tendant la main à Guy de Brantane, votre oncle est retombé dans ses terreurs premières.

— Je crois que son intention, mon général, répondit le jeune homme, n’est pas de rester à la surface du sol ; si donc vous n’y voyez pas d’inconvénients, nous allons nous maintenir en l’air à une centaine de mètres et nous y passerons la nuit : j’accepte l’aide de vos hommes pour nous retenir à cette place à l’aide du guiderope que nous allons dérouler.

— Vous êtes libre ; j’aurais préféré vous avoir pour voisin