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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/104

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c’est encore ce moyen que je compte employer le moment venu.

— Où trouves-tu ces jarres ?

— Les Danakils et les Beni-Amers en fabriquent jour et nuit, et il en arrive à dos de chameau des cargaisons telles, que si tu m’en laisses le temps, je pourrai, en dehors de l’approvisionnement nécessaire ici, en constituer un autre qui nous suivra et nous servira par la suite il suffit en effet, pour rendre mon explosif transportable sans danger, de le faire passer de l’état liquide à l’état solide en le mélangeant au sable. Seulement, il perd un peu de ses qualités détonantes et c’est sous la forme liquide que je l’emploierai ici.

— Tu auras tout le temps voulu. Mais ce matériel est-il hors de la portée des canons des vaisseaux ?

— Absolument, puisqu’il est à trois kilomètres d’ici, dans cette faille qui court entre deux montagnes ?

— C’est bien, fit le Sultan, que tout soit prêt dans trois semaines : je viendrai visiter tes ateliers. Et toi ? fit-il en se tournant vers un cavalier de sa suite, as-tu pris toutes tes dispositions contre un débarquement possible de l’ennemi ?

Celui à qui étaient adressées ces paroles était un jeune chef de la tribu des Nogalis, que sa bravoure et son enthousiasme aveugle pour les projets du Sultan avaient mis à la tête de toutes les tribus côtières depuis Massouah jusqu’à la colonie anglaise de Zeylah.

Il appartenait à cette race merveilleuse des Somalis du Nord qui prélèvent un tribut sur les caravanes et s’étaient opposés avec acharnement à l’invasion italienne.

Pour lui, l’ennemi c’était l’italien dont l’appétit colonial, ne se contentant pas du littoral de la mer Rouge, avait cherché à s’étendre sur la côte de l’océan Indien sur un espace de 1.600 kilomètres, du cap Gardafui jusqu’à l’Afrique orientale anglaise.

— Souviens-toi, dit le Sultan, que les infidèles doivent ignorer ce qui se passe ici, et surtout l’emplacement des camps. C’est à toi qu’incombe le soin de les empêcher de débarquer pour reconnaître les forces dissimulées derrière ces falaises.

— Ils ont essayé, dit le jeune homme, nous croyant