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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/105

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encore armés de lances et de casse-tête ; ils n’y reviendront plus ; les fusils que tu nous as envoyés sont bons. Fais-nous seulement donner des cartouches.

— Prends note de cette demande, Omar : et maintenant, poursuivit le Sultan, où sont les positions que tu occupes ?

— Tout le long de ces côtes rocheuses j’ai établi des postes d’observation bien dissimulés aux vues des vaisseaux. Ils sont distants de 300 pas les uns des autres ; il y en a ainsi jusqu’à Mzira où la chaîne tourne vers l’Occident ; en arrière d’eux, de fortes réserves se tiennent toujours prêtes dès qu’une chaloupe s’approche du bord, un feu s’allume et tous les guerriers sont à leur poste.

— Je compte sur toi pour bien veiller jusqu’au jour de la disparition de ces maudits.

— Tu peux compter sur moi : nous sommes plus de 70.000 ; aucun chrétien n’abordera ici.

Le Sultan se tourna alors vers un grand vieillard aux traits accusés, à la figure glabre semblable à celle d’un vieux comédien.

Celui-là était le cheik de la tribu des Hachyia, qui borde le golfe d’Aden et qui excita l’étonnement des explorateurs à cause des nombreuses chevelures de femme dont ils ornent leurs cimeterres.

— Et les moyens de passage, Tahar : en auras-tu bientôt rassemblé le nombre voulu ?

— Oui, Maître : depuis Zanzibar jusqu’à la baie d’Adulis, tout ce qui peut flotter a été amené dans ces parages. Le mot d’ordre a circulé sur toute la côte depuis dix lunes déjà : pendant les premiers temps les Roumis ne se sont douté de rien et j’ai pu réunir au fond de la baie que tu vois d’ici plus de 3.000 sambous : tu les connais, ces grandes barques dont quelques-unes font le trajet de l’Inde. Maintenant, c’est plus difficile, parce que leurs canots à vapeur, constamment en chasse, brûlent tout ce qu’ils rencontrent.

— As-tu mis en sûreté les barques déjà réunies ?

— Oui, elles ont été tirées à terre, derrière des falaises et nous les gardons bien.

— Mais il faut en augmenter le nombre.

— Il augmente chaque jour : beaucoup de nos frères du Somal, en voyageant la nuit le long des côtes, arrivent à