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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/158

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— Tu crains, et tu as raison, reprit le jeune prince ; mais ne me quitte pas, près de moi il n’osera rien.

— S’il ne réussit pas aujourd’hui, reprit de Melval, il réussira demain, dans dix jours, dans un mois… Que puis-je contre un ennemi pareil ? Dans tous les indigènes qui m’approchent, je crois voir un de ses affidés. Mazembé, son bourreau, semble avoir à mon sujet une consigne particulière, car il glisse vers moi des regards de fauve, et un beau matin on me retrouvera dans quelque buisson la gorge ouverte d’un coup de couteau. Quant à ma pauvre Nedjma, je n’ose penser à ce qui t’attend…

— Non, dit Omar, sois sans crainte mais ne t’écarte pas du camp. Mounza sait qu’il me répondrait de ta vie, je l’ai prévenu.

— Écoute, Omar, dit l’officier, tu sais ce que je souffre ici. Eh bien ! je t’en prie, obtiens de ton père qu’il nous rende notre parole

— Il ne reviendra pas sur ce qu’il a dit, je le connais : au Rhin seulement.

— Au Rhin ! quand y serons-nous ? Obtiens du moins qu’à Constantinople nous soyons libres. Pourquoi, en somme, nous garde-t-il ? Il l’a dit lui-même : pour que nous ne puissions révéler à l’Europe aucun de ses secrets. Or, en admettant que l’Europe ait encore des illusions, ce qui me parait difficile aujourd’hui, elle n’en aura plus dès que vous aurez forcé sa première porte… Constantinople. Je t’en prie encore une fois, intercède pour nous, et je me sentirai le courage de veiller et d’attendre.

— Ton raisonnement est juste, dit Omar, et j’essaierai de le faire triompher ; mais j’ai grand’peur de n’y point réussir. En attendant, méfie-toi de tout, même de ton ombre.

Presque immédiatement, derrière la Légion du Prophète, était apparue l’armée du Mahdi ; elle était arrivée par Kassala, dont elle n’avait pas laissé pierre sur pierre, et après avoir donné un nouvel assaut infructueux à Massouah, vigoureusement défendue par 12.000 Italiens et Anglais.

Elle se faisait remarquer par son organisation et avait une artillerie, la seule de l’armée musulmane.

Elle se composait de pièces Withworth et Krupp, portées