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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/160

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Des lignes de chemins de fer l’avaient rattachée à Damas, à Jaffa et à Gaza ; les monuments s’étaient élevés comme par enchantement au milieu des masures écroulées de la vieille ville. Une Bourse avait été bâtie près de la maison de David et la mosquée d’Omar avait été rasée.

Maintenant le rêve du syndicat des rois de Palestine était de rebâtir le temple de Salomon, et déjà ses fondations sortaient de terre. Des milliers de travailleurs, musulmans pour la plupart, courbés vers le sol, élevaient de leurs mains à la gloire de leurs anciens esclaves ce monument merveilleux de marbre, de cèdre et d’argent. Les rabbins les plus érudits avaient, dans les plus antiques papyrus, retrouvé les plans du grand roi, et on assistait à ce spectacle digne de clore l’œuvre du XIXe siècle : l’or détruisant l’œuvre du fer et les Juifs réduisant à l’état de captifs les descendants de leurs vainqueurs d’autrefois.

Malheureusement pour eux le spectacle allait être brusquement interrompu.

L’Invasion noire allait mettre fin à ce rêve d’une race dispersée à la surface du globe, rêve malencontreux s’il en fut jamais, puisque, réunissant en un seul point la presque totalité de ses membres errants, il permit à l’islam de les détruire tous d’un seul coup.

Après l’armée mahdiste arriva l’armée de l’Ouganda, conduite par le fils d’Emin-Pacha et déjà solidement organisée à l’égyptienne ; les fatigues du pénible trajet, qui lui avait été dévolu à travers l’Ethiopie, l’avaient moins éprouvée que la faim, car ils avaient trouvé un pays dévasté, sans vivres, sans ressources d’aucune sorte, et s’ils arrivèrent à la côte, ils le durent à leur énergie et à leur extrême frugalité.

L’intendant du Sultan leur partagea aussitôt un lot considérable de poisson salé envoyé par les Somalis.

Puis ce fut l’armée Massaï qui apparut par groupes serrés. Son itinéraire par le lac Victoria avait été tracé à travers le pays boisé des Boramis et des Haouynias.

Ils avaient parcouru ces 900 kilomètres en moins de huit semaines, donnant une preuve de vigueur et d’endurance extraordinaires, dans un pays dont les sentiers eux-mêmes étaient le plus souvent impraticables.

Les « Vaillants », comme ils se nommaient eux-mêmes,