Aller au contenu

Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Plusieurs ombres en effet s’étaient rapprochées, mais aucune ne traînait derrière elle son esquif personnel.

De Melval en fit la remarque.

— Sans doute ils l’auront déjà disposé au bord de l’eau, répondit Zahner ; cela prouve qu’ils ne vont pas tarder à partir… allons, mon capitaine, bonne chance… il est temps…

Les deux hommes se jetèrent dans les bras l’un de l’autre et très émus tous deux s’embrassèrent silencieusement.

Puis Zahner poussa sa planche de liège jusqu’à l’eau, jeta un dernier coup d’œil sur la lumière rouge du bâtiment français qui devenait son objectif et se débarrassa de son burnous.

Il se pencha. Il allait s’étendre ; deux bras vigoureux le saisirent, l’étreignirent, lui coupant la respiration, et le rejetèrent en arrière ; puis, quand il fut réduit à l’état de masse inerte, un géant noir le jeta sur ses épaules et l’emporta.

Du buisson où il venait de se dissimuler pour voir partir son ami, de Melval avait assisté à cette scène rapide ; mais au moment où il s’élançait vers les agresseurs, deux autres ombres bondissaient sur lui.

Saisi brusquement par derrière, il recevait sur la tête un coup qui l’étourdissait et, comme Zahner, était emporté rapidement.

Quand tous deux revinrent à eux, ils se trouvaient dans une obscurité complète. Zahner, le premier réveillé par l’humidité de la nuit, recouvra l’usage de ses sens, étendit les bras autour de lui, sentit sous sa main le burnous qu’une main compatissante y avait placé et se couvrit.

Puis il perçut à côté de lui des soupirs prolongés : de Melval à son tour revenait à lui.

— C’est vous, Zahner ?

— Oui, mon capitaine ; vous n’êtes pas blessé ?

De Melval porta la main à sa tête ; il n’avait reçu qu’un simple coup de bâton ; l’os était intact ; seule une douleur sourde lui rappelait l’agression de la nuit.

— Nous étions suivis, fit Zahner au bout d’un instant.

— Et nous sommes peut être épiés en ce moment, dit le capitaine.