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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/169

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Zahner se leva en tâtonnant ; sa main rencontra la roche, et en quelques pas il eut fait le tour de leur prison commune ; puis ses yeux, habitués à l’obscurité, virent filtrer une faible lueur ; il s’approcha de l’ouverture et comprit enfin.

— Nous sommes dans un de ces postes de guetteurs, comme les Arabes en ont creusé partout dans la falaise, dit-il, mais l’orifice est bouché par un énorme bloc que je n’arriverai jamais à déplacer seul.

— Attendez, je vais vous aider.

Ils s’arc-boutèrent, unissant leurs efforts en cadence, mais en vain.

— Inutile de lutter, fit de Melval ; attendons ; dans tous les cas, nous sommes seuls.

Et se remémorant ce qui leur était arrivé, ils commençaient à échafauder les hypothèses les plus extraordinaires, lorsque ce Melval poussa un cri.

— Et Nedjma ! fit-il en se redressant comme un ressort.

Une angoisse affreuse l’empoigna.

Comment n’y avait-il pas songé plus tôt ?

Le coup venait de Mounza ; il ne pouvait en douter ; il en doutait d’autant moins maintenant que sa vie avait été respectée, comme Omar l’avait exigé ; il n’avait reçu juste que ce qu’il fallait pour être hors d’état de se défendre, puis on l’avait enfermé, et à cette heure le cannibale avait la place libre.

De Melval fit un bond vers le bloc rocheux qui barrait l’entrée.

— Zahner ! cria-t-il d’une voix étranglée, essayons, essayons encore !…

Ses forces étaient décuplées, mais l’obstacle ne bougea pas.

Des bourdonnements remplirent ses oreilles ; il lui sembla entendre crier :

— Lioune ! Lioune !

Une sueur froide l’inonda tout entier ; il se représentait le roi barbare, un rictus aux lèvres, les yeux allumés, se penchant sur la jeune fille.

Et de nouveau il se jeta sur la pierre inerte, s’y meurtrissant les mains, s’y brisant les ongles.