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Page:Driant - L’invasion noire 2-grand pèlerinage à la Mecque,1913.djvu/190

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et par la deuxième armée mahdiste forçant de marche sur le Caire.

Pendant que le débouché septentrional de la mer Rouge tombait au pouvoir du Sultan, les vaisseaux turcs en commandaient le débouché méridional, et entreprenaient le bombardement méthodique de la forteresse de Périm.

Toute la journée qui suivit la disparition de la flotte, le canon résonna dans le détroit ; le commandant anglais, d’abord surpris, avait vigoureusement riposté ; mais vers le soir son feu s’était ralenti, et il parut évident au Sultan que le fort ne tiendrait pas devant une reprise du bombardement le lendemain.

Cet ouvrage ne devait pas, d’ailleurs, retarder d’une heure le passage des armées noires, puisque Omar l’avait fixé à quelques kilomètres au nord de Périm, hors de la portée de ses pièces, en un point commode pour l’embarquement.

Ce passage avait donc commencé à la pointe du jour sur les milliers de barques concentrées à cet effet, et dont le nombre allait croître rapidement.

Toutes les chaloupes et les canots à vapeur de l’escadre turque étaient venus renforcer cette flottille de transport, et lorsque le jour parut, la mer était couverte d’embarcations chargées de Noirs, de chevaux, de dromadaires et d’éléphants, glissant rapidement vers la côte d’Asie.

Un cuirassé européen qui fût tombé à ce moment au milieu de ce fourmillement, n’eût eu qu’à tirer de rapides bordées dans tous les sens pour couler des centaines de barques et infliger à l’armée noire des pertes énormes ; mais cette éventualité n’était pas à craindre : le seul cuirassé anglais échappé au désastre parce qu’il se trouvait la nuit précédente en rade d’Aden, à 80 milles de là, avait poussé en vue d’Obock, puis, salué par les salves de deux croiseurs turcs, il avait disparu dans l’Est.

Maintenant, la Garde noire au grand complet achevait de passer.

C’était une élite, vraiment digne de ce nom par la stature de ses guerriers, et son aspect était tout ce qu’on peut imaginer de plus original.